Nadia Peerun préside le nouveau conseil d’administration de PILS

 

 

Port-Louis, le 15 avril 2024 – Suivant l’Assemblée générale annuelle de l’association Prévention Information et Lutte contre le SIDA (PILS) tenue le 28 mars, son conseil d’administration pour l’année 2024-2025 est comme suit :

Présidente – Nadia Peerun

Vice-Président – Jean Daniel Wong

Secrétaire – Selvana Mootien

Vice-Secrétaire – Ornella Chellen

Trésorier – Thierry Runga

Vice-Trésorière – Rachele Bhoyroo

Membres – Emilie Trousselier Seepursaund, Vijay Ramanjooloo et Nilen Vencadasmy

Succédant à Thierry Arékion à la présidence, Nadia Peerun dit pouvoir compter sur l’équipe qui l’entoure pour continuer les tâches auxquelles PILS s’est attelée. Pour la nouvelle présidente de l’association : «Notre engagement au sein de PILS est avant tout une responsabilité que nous prenons envers le pays. Nous mobilisons nos efforts pour faire reculer la progression du VIH et espérons contribuer à y mettre fin. Nous avons aussi pour devoir de créer un environnement propice à la dissémination des bonnes informations pour stopper les nouvelles contaminations, combattre les inégalités et la discrimination qui affectent toujours les personnes infectées et affectées. Pour cela, PILS renforce sa collaboration avec ses partenaires au niveau de la société civile et de l’État tout en prônant le dialogue avec les décideurs, les personnes d’influence, dont les partis politiques en cette année de campagne électorale. Sur le terrain, tout comme dans le Centre Banian/Nou Vi La, nos équipes misent sur la proximité pour soutenir nos bénéficiaires et sensibiliser le public en général. En effet, malgré les avancées connues ces dernières années au niveau de la prise en charge, de la prévention, du dépistage, entre autres, les défis restent importants. D’où la nécessité pour PILS de rester vigilante et de savoir se réinventer pour s’adapter tout en préservant les valeurs qui la portent depuis sa création.»

PILS a été créée en 1996 par Nicolas Ritter et ses proches, devenant la principale organisation engagée dans la lutte contre le VIH à Maurice. L’association est aussi active dans la région et dans différents pays à travers les liens tissés au fil des années. Elle est restée constante dans ses actions qui touchent au soutien, à la prévention, au plaidoyer, entre autres.

S’agissant de la présence du VIH à Maurice, de 1987 à 2023, 9 213 cas officiels ont été enregistrés à travers les tests de dépistage. Il est estimé que 14 000 Mauriciens ont été touchés par le virus. Répondant à une question parlementaire en septembre 2023, le ministre de la Santé Kailesh Jugpal avait annoncé que 2 175 personnes étaient mortes des causes liées au VIH à Maurice. Ce, en dépit du traitement qui est dispensé gratuitement. Beaucoup abandonnent les soins, souvent à cause de la stigmatisation qui entoure le VIH. Pour mieux comprendre cette situation, PILS lancera bientôt les résultats d’une étude réalisée sur le niveau de la stigmatisation liée au VIH à Maurice.

Les statistiques compilées par le ministère de la Santé indiquent aussi que le principal mode de contamination localement, depuis 2020, concerne les rapports sexuels non protégés entre personnes hétérosexuelles. De 2006 à 2020, le partage de matériel d’injection entre personnes usagères de drogues était le principal mode de contamination. Ce changement dans le mode de transmission requiert une nouvelle stratégie ciblant les jeunes et le public en général.

Contact presse

Jacques Achille. Directeur Communications stratégiques, PILS | j.achille@pils.mu | m : (+230) 5 252 81 40

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VIH et droits humains : PILS lance une campagne pour fustiger la discrimination

« Le chemin qui mène à la fin du sida est celui des droits », dit l’ONUSIDA qui marque la journée Zéro Discrimination le 1er mars. À Maurice, Prévention Information et Lutte contre le SIDA (PILS) a lancé une campagne de sensibilisation pour contrer les souffrances provoquées par la stigmatisation et la discrimination. Ce sont aujourd’hui les principaux freins à la lutte contre le VIH et les situations associées. Les atteintes aux droits, les mauvaises langues, le rejet et autres comportements rétrogrades provoquent plus de drames que le VIH. La campagne de PILS comprendra aussi un atelier de travail et de sensibilisation avec les politiciens, les représentants des institutions, entre autres.

« Je ne suis toujours pas libre de vivre comme je le voudrais. C’est-à-dire d’avoir la possibilité d’être moi-même, de pouvoir parler de mon état de santé, d’avoir accès à certains services et d’être à l’aise avec mes collègues, mes amis, et même certains membres de ma famille. Pour ne pas être jugée et critiquée, je suis obligée de garder des aspects de ma vie secrets et cela me pèse. » Pourtant, les choses auraient pu être différentes pour Christelle (prénom fictif), 44 ans. Testée positive au VIH depuis cinq ans, elle explique : « Grâce au traitement et à l’accompagnement dont je bénéficie, ma santé se porte bien et ma charge virale est indétectable. Ce qui me pèse, c’est le regard des autres, les préjugés, la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes qui vivent avec le VIH. »

Pour faire entendre la voix de Christelle et celle des autres personnes infectées et affectées, PILS a lancé une campagne contre la discrimination cette semaine. Visible sur les billboards de FlowerAd, partenaire de cette initiative, et sur les réseaux sociaux, cette action de sensibilisation débouchera sur un atelier de travail de deux jours les 29 février et 1er mars.

À cette occasion, PILS et ses partenaires discuteront avec les représentants des partis politiques, des médias, des institutions gouvernementales, du secteur privé, entre autres, sur ce sujet qui reste l’un des défis majeurs dans la lutte contre le VIH et les situations associées.

Présentes en société, dans le milieu médical aussi bien que dans le domaine privé, la discrimination et la stigmatisation sont parmi les principaux facteurs qui gardent les personnes loin des centres de dépistage et des centres de traitement et d’accompagnement. « Dans le milieu médical, les réactions varient en fonction du personnel. Certains sont professionnels, d’autres ont toujours des réactions discriminantes qui découragent plusieurs patients et qui les mettent dans des situations délicates. Cela indique que la sensibilisation doit être continue », explique encore Christelle.

À septembre 2024, Maurice comptait 9 109 Mauriciens officiellement recensés comme ayant contracté le virus du sida depuis. Ce qui comprend 117 enfants, 6 503 hommes et 2 606 femmes. 2 175 patients sont morts de causes liées au sida de 1987 à 2023. Le nombre de Mauriciens vivant avec le VIH est estimé à quelque 14 000 personnes.

À Maurice, la stigmatisation a accompagné le VIH dès son apparition dans le pays en 1987. La première patiente testée positive avait provoqué une vague de protestations dans l’hôpital où elle avait été admise pour des soins. Malgré les avancées dans la connaissance du virus, dans la prise en charge et les soins, la situation n’a pas toujours évolué. L’indignation soulevée par Malini quand elle avait parlé de son statut sérologique en public, en 2004, avait indiqué la mentalité qui persistait. Chassée de chez elle et rejetée parce qu’elle avait voulu contribuer à la lutte en prenant la parole ouvertement, elle est décédée le cœur brisé quelque six mois après. « Jusqu’aujourd’hui, il est difficile de dire à son entourage que l’on vit avec le VIH. Parce qu’ils sont mal informés et qu’ils ont des idées préconçues les gens ont tendance à juger, critiquer et condamner sans comprendre qui nous sommes et ce que nous vivons. Finalement, ce sont eux qui causent plus de torts », poursuit Christelle.

Marquée le 1er mars, la journée Zéro Discrimination est une initiative de l’ONUSIDA qui a retenu le thème : « Protéger la santé, c’est protéger les droits ». Dans un communiqué émis pour l’occasion, cette instance précise : « Le monde a fait de grands progrès vers l’objectif de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. Ces progrès ont été alimentés par des avancées en matière de protection des droits de l’homme. Mais les lois, les politiques et les pratiques qui punissent, discriminent et stigmatisent les femmes et les filles, les populations clés et d’autres communautés marginalisées violent les droits de l’homme et entravent l’accès à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins en matière de VIH. Il est urgent de supprimer les lois qui portent atteinte aux droits des personnes et d’introduire des lois qui défendent les droits de chacun. Le chemin qui mène à la fin du sida est celui des droits. »

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1987 : « Mme X. » tuée par l’intolérance et les causées liées au sida

Le 27 novembre 1987, Maurice enregistrait un premier décès pour des causes liées au sida. Ce 1er décembre 2023, PILS rend hommage à celle que la presse avait surnommé « Mme X. » en revenant sur le drame qu’elle a vécu. 

Il y a 36 ans, son histoire retenait l’attention de tout le pays qui avait appris sa séropositivité le 12 septembre 1987. Ce premier cas de VIH mauricien concernait une femme de 60 ans, déjà en phase sida. Alors que sa santé est au plus mal, à travers des manifestations et d’autres expressions d’intolérance, elle est davantage affectée par la stigmatisation et le rejet. 

« Elle ne souffrait pas. Elle était tout simplement très affaiblie. » Telle avait été l’annonce faite par le médecin de l’hôpital de Moulin à Poudres pour annoncer le décès de « Mme X. », le 27 novembre 1987. Elle s’en était allée vers 11heures, après presque trois mois d’hospitalisation. Par le biais des médias, le pays avait suivi les derniers jours de sa vie marqués par des réactions opposées. Face aux quelques marques de soutien et de compassion, une grande intolérance, exprimée par des manifestations, des gestes stigmatisants, de la discrimination et de la peur.  

Habitant la région nord, employée d’hôtel, cette femme âgée de 60 ans avait été admise à l’hôpital de Port-Louis. Un des membres du personnel soignant présent à l’époque se souvient : « C’était une femme soignée. Elle était bien habillée, elle avait les ongles bien faits et avait de bonnes manières. » Souffrant de diarrhée, affaiblie, elle suscitait une constante vigilance du personnel de la salle où elle avait admise. « Personne ne parlait de VIH ou du sida à l’époque. Nous ne savions pas de quoi elle souffrait et nous étions à son chevet pour la changer et la réhydrater. Nous avions appris qu’elle avait vécu sur le continent africain pendant quelque temps. Elle était rentrée après le décès de son époux. » 

« C’est le SIDA ! » 

Le 3 septembre 1987, elle est transférée à l’hôpital de Poudre d’Or pour des troubles pulmonaires. Les symptômes qu’elle présente inquiètent. Un échantillon de son sang est envoyé à Candos où un appareil nouvellement installé dans le laboratoire évoque une possibilité de VIH. Sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, un échantillon de son sang est analysé à Munich pour des tests approfondis. 

« C’est le SIDA ! » titre en gros caractères la presse le 12 septembre, suivant la réponse du laboratoire. La récente reconduction au pouvoir de sir Anerood Jugnauth, après les élections du 30 août, est reléguée au second plan. Les journaux parlent d’un « véritable coup de tonnerre ». L’affaire atténue momentanément l’esprit festif du Festival de la Mer, lancé en grandes pompes par sir Gaëtan Duval quelques jours plus tôt pour booster le secteur touristique. 

À Poudre d’Or, des personnes des alentours descendent dans la rue. Ils réclament le départ de la patiente des lieux de manière virulente. « Encore sous le choc, l’opinion publique n’est pas capable d’assumer, avec un minimum de responsabilité, l’échéance inévitable à laquelle il [sic] n’a pas été préparé [sic] », dit la presse. L’ignorance permet aux pires suppositions de se répandre comme une épidémie incontrôlable. Les uns et les autres évoquent la possibilité d’une épidémie à travers l’air ou encore les piqûres de moustiques. Sans compter les préjugés qui accablent Mme X.  

Isolée, attristée, résignée 

De sa chambre, « Mme X. » entend ces voix qui la vilipendent. « Cela l’a beaucoup affectée. Elle en était très attristée », raconte un témoin. Les choses se passent aussi mal à l’intérieur des murs de l’hôpital. « On a isolé la malade dans une salle. Tout le monde a peur de l’approcher. On dit qu’elle est une malade du SIDA, une maladie plus grave que la variole », écrit alors un journaliste. Quelques membres du personnel médical réclament des bottes et des gangs en caoutchouc pour approcher la patiente. Elle est transférée à la Skin Diseases Infirmary, dans un bâtiment datant du 18e siècle, au fond de la forêt de sapins. C’est ici qu’étaient généralement envoyés les patients souffrant de lèpre ou de variole. 

Séparée de sa famille et privée de visites, la patiente est au plus mal. « Elle manifeste des symptômes inquiétants, avec toutefois une tranquillité et une sérénité surprenantes. Mme X appartient à la catégorie des résignées ; elle trouve normal de souffrir, naturel de ne pas voir son état s’améliorer », témoigne un membre du personnel médical à l’époque. Des échantillons de sang de la patiente sont régulièrement envoyés à Munich pour d’autres analyses, tandis qu’elle perd du poids et des cheveux. Son état est suivi par la presse, au milieu d’autres affaires d’actualité, dont l’exécution d’Eshan Naeck, dit Alexandre, dernier condamné à mort conduit à l’échafaud à Maurice. 

Pour certains médias, « Mme X » ne pouvait qu’être une bête de foire. Une infirmière barre la route au journaliste qui tentait de s’immiscer dans la chambre de la patiente : « I forbid you to enter here. Try to understand she is ill. Why do you want to expose yourself to an infection? » « Je vous interdis d’entrer. Comprenez qu’elle est malade. Pourquoi vouloir vous exposer à une infection ? » Dans son reportage intitulé « J’ai vu la malade », le journaliste écrit : « Je suis resté sur les lieux malgré l’interdiction et j’ai pu voir la malade. Le teint jaunâtre, accroupie sur son lit, elle pleurait toute seule. Elle toussait de temps en temps. J’ai vidé les lieux. J’ai pensé aussi que cette place constitue peut-être un vivant foyer de virus. » 

Polémique, stigma, discrimination 

Cette épidémie qui venait de débarquer à Maurice, le monde en parlait depuis 1981 et les recherches étaient lancées pour la comprendre. En 1985, l’annonce de la contamination de l’acteur Rock Hudson avait attiré l’attention internationale sur cette « nouvelle peste », qui touchait officiellement 13 500 personnes dans le monde. En 1987, les estimations parlaient de 5 à 10 millions d’individus touchés. À août de la même année, le nombre de cas connus était de 53 395. On parlait de 1 000 tests positifs par quinzaine. Aucun traitement n’existe alors ; un test positif équivalait à la mort. 

« Maurice n’échappera pas au SIDA », disait le Dr Clément Chan Kam, dans une interview publiée en juin 1987. Des programmes de prévention sont menés par les autorités avec le soutien de AIDE Amitié, organisation de lutte contre le VIH qui réunissait Marie-Michèle Etienne, Cadress Runghen, le Dr Chan Kam, entre autres. Les préjugés étaient forts face à cette maladie associée à des malédictions divines et d’autres spéculations d’illuminés.  

Suivant la découverte du premier cas, une polémique éclate avec le ministre de la Santé, Jugdhish Goburdhun qui annonce que le gouvernement réprimera les « déviations » sexuelles, dont « les homosexuels et les prostituées ». Comme pour se rattraper, il nie avoir tenu ses propos et finit par réunir différents ministères et services pour lancer un programme en affirmant : « Il faut tout faire afin d’empêcher que la panique ne s’installe. » 

« Mme X » est enterrée quelque temps après sa mort. Ses funérailles ont lieu dans la plus grande discrétion afin que la famille et le personnel soignant ne soient pas harcelés et stigmatisés à leur tour. 

Le drame que vécut « Mme X. » est similaire à celui de Malini Veeramalay qui avait voulu faire évoluer les mentalités en parlant de sa séropositivité le 1er décembre 2004. Elle est décédée à peine six mois plus tard, dans un refuge pour femmes où Malini Veeramalay a trouvé asile après avoir été chassée de chez elle. Des histoires qui rappellent qu’aujourd’hui encore le stigma, la discrimination, l’intolérance sont les plus grands obstacles dans la lutte contre le VIH.

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4 ONG, 9 régions et 1 message : « VIH Touzour la : Teste Twa »

VIH Touzour la : Teste Twa. C’est le message que les partenaires engagés dans la lutte contre le VIH porteront à l’attention du public et sur le terrain du 21 au 26 novembre. En sus d’une campagne nationale, neuf régions seront touchées par cette action de proximité qui réunit PILS, CUT, AILES, Parapli Rouz et le ministère de la Santé. Au programme : dépistage du VIH, de l’hépatite C et des infections sexuellement transmissibles (IST), animation, sensibilisation, prévention, entre autres. Ce sera dans le cadre de la Semaine internationale du dépistage (SID) initiée par Coalition PLUS, union internationale de lutte contre le sida. Parallèlement, CUT et AILES s’associent pour la 3e édition du Moris AIDS Tour.

Port-Louis, le 15 novembre 2023 – « Quelle que soit l’infection, connaître son statut, positif ou négatif, est indispensable pour prendre soin de soi… et des autres ! Ainsi, se faire dépister est essentiel. Se faire dépister est l’une des étapes importantes pour mettre fin aux épidémies. Par exemple, sous traitement efficace, une personne vivant avec le VIH ne transmet plus le virus ! » Tel est le message de Coalition PLUS en marge de l’édition 2023 de la Semaine internationale du dépistage (SID). C’est aussi dans cette optique que les partenaires engagés dans la lutte contre le VIH à Maurice s’associent pour aller à la rencontre du public sur différents sites. Parallèlement, CUT et AILES s’associent pour le Moris AIDS Tour. Dans l’ensemble, les ONG engagées seront mobilisées dans neuf régions du 21 au 26 novembre : Port-Louis, La Ferme, Tamarin, Mahébourg, Rivière-des-Anguilles, Cité Caroline, Rivière des Créoles, Flic-en-Flac et Grand-Baie.

La présentation de cette semaine d’activités a eu lieu à la salle de conférence de la MCB, qui apporte son soutien à la SID, de même que Rent A Sign, Flower AD et l’Agence française de développement. Vanessa de Spéville, Head of Communication and Corporate Sustainability chez la MCB, tient à le rappeler : « Le VIH n’empêche pas de vivre. Aujourd’hui, grâce à des outils efficaces, nous pouvons assurer une vie digne aux personnes séropositives et réduire significativement les nouvelles contaminations. C’est la raison pour laquelle le dépistage précoce est essentiel, et c’est pourquoi nous avons choisi de soutenir la campagne de dépistage menée par les associations PILS, CUT, AILES et Parapli Rouz, des acteurs clés dans la prévention des maladies sexuellement transmissibles. À la MCB, nous sommes fiers aujourd’hui d’être associés à cette campagne et de contribuer ainsi à la sensibilisation, non seulement des Mauriciens et des Rodriguais, mais également des habitants des pays de la région tels que les Seychelles et Madagascar, pour lutter ensemble contre le VIH dans la région de l’océan Indien. »

« Si je n’avais pas fait de test en 1994, je ne serai pas là aujourd’hui », souligne d’emblée Nicolas Ritter en expliquant l’importance du dépistage, fondement de la SID. Fondateur de PILS, il est le premier Mauricien à avoir dévoilé publiquement sa séropositivité. « Une personne testée et bien traitée ne transmet plus le virus », insiste celui qui est aujourd’hui chargé de mission chez Coalition PLUS.

Parlant de cette collaboration et de la mise en commun des efforts par les ONG, Mélanie Babet de Parapli Rouz dit : « Nous devons nous associer pour diminuer les risques d’infections. Le VIH, comme les IST et les hépatites profitent de plusieurs opportunités pour progresser. C’est pourquoi il faut considérer la solution sous différents angles et aller vers une solution ensemble. »

Cette année, le thème retenu est VIH Touzour la : Teste Twa. Il fait écho à la campagne que mène Coalition PLUS On se dépiste/Nou fer test depuis quatre ans. À Maurice, il est estimé que des 14 000 personnes vivant avec le VIH, seuls 8 447 cas – soit 60 % – ont été officiellement enregistrés depuis 1987. Pour Jamie Cartick de CUT : « Récemment, la tendance nous démontre que la transmission de VIH et des infections sexuellement transmissibles ne se limite pas aux populations clés mais concerne également parmi la population générale. Les endroits ciblés pour Moris AIDS Tour ont été identifiés afin de toucher le maximum de personnes de toutes populations confondues et démystifier les tabous. »

Ces dernières années, une hausse conséquente a aussi été observée dans le nombre de cas d’IST. À titre d’exemple, les cas de syphilis enregistrés sont passés à 3 509 en 2021, contre 2 915 en 2020. « Nous ne pouvons qu’affirmer l’importance que le dépistage soit banalisé au sein de la population », réagit Ashvin Gungaram, manager de AILES. « Nous observons de plus en plus de personnes avec des comportements à risques et un manque d’information sur la santé sexuelle », constate-t-il. « À travers ce type de campagnes et d’actions, poursuit Ashvin Gungaram, notre objectif est d’éduquer, d’informer et surtout de rappeler que nous sommes là pour apporter notre soutien et notre support à ceux qui en ont besoin. »

Le lancement officiel de la SID se fera avec tous les partenaires au Victoria Urban Terminal de 9 heures à 17 heures, le 21 novembre. Au programme sur les différents sites, une ambiance dynamique avec des artistes, de l’animation musicale, des jeux, des exercices. « Cette mobilisation n’aurait pas été possible sans la collaboration des forces vives des différentes régions où nous serons présents et qui ont accueilli les associations bien en amont pour la préparation de cet événement, indique Annette Ebsen Treebhoobun. Toutes ces énergies mises ensemble nous encouragent à avancer. » Des animateurs seront aussi sur place pour disséminer l’information sur les sujets mis en avant : le VIH, les IST, l’hépatite C, la PrEP, le traitement, la prévention, entre autres. Des professionnels des associations et du ministère de la Santé proposeront des tests de dépistage aux membres du public. Un exercice qui s’accompagnera de séances de pré et de post counseling de même que d’un encadrement à l’intention des personnes qui nécessiteront des suivis médicaux.

Le suivi médical du VIH, de l’hépatite C et des IST peut être difficile pour les personnes testées positives qui craignent d’être discriminées et stigmatisées. L’accompagnement et le counseling personnalisés, soulignent les partenaires associatifs engagés dans la SID et le Moris AIDS Tour, permettent d’encourager ces personnes à se tourner vers les services de santé. Annette Ebsen Treebhoobun, directrice exécutive de PILS, rappelle que : « Tout citoyen mauricien testé positif a droit à une prise en charge médicale gratuite. Concernant le VIH, le traitement aux antirétroviraux aura pour effet le renforcement de son système immunitaire et la baisse du taux de virus dans son organisme. Un traitement médical observé de manière rigoureuse et régulière rendra la personne indétectable. En plus de jouir d’une bonne santé, cette personne ne contaminera pas son ou ses partenaires. Et c’est ainsi que Maurice pourra arrêter l’épidémie et vaincre le VIH. Cet objectif est réalisable. C’est parce que nous y croyons que nous organisons la SID et le Moris AIDS Tour. Nous invitons les membres du public à venir nous rejoindre. »

Pour télécharger le communiqué de presse, c’est par ici.

 

 

Call for HIV/AIDS Project Proposals – Global Fund to fight AIDS, Tuberculosis and Malaria

 

The Country Coordinating Mechanism (CCM), Mauritius has submitted to Global Fund (GF) a national funding request for prevention, treatment, care and support of HIV/AIDS for the period 2024-2026.

The Concept Note is focused on Community Led Networks and Key Affected Populations (KAPs), i.e. People Who Inject Drugs, Female Sex Workers, Men having Sex with Men, Transgender Persons and their respective sexual partners, and clients in the case of Sex Workers.

The national funding request was developed following National Dialogue and Community consultations with the populations mentioned and highlights the importance of an inclusive response, whereby the communities themselves are directly involved in the planning, implementation, and review of activities.

PILS (Prévention Information et Lutte contre le Sida) has been selected as Sub-Recipient (SR) for the Grant. Non-Government Organisations and Community Networks interested in becoming Sub-Sub-Recipients (SSR) of funds to implement activities for the prevention of HIV and AIDS are invited to submit sub-proposals for inclusion in grant implementation.

The SR will select SSRs who will be included in the grant implementation should the country Concept Note be approved.

Grant implementation will be guided by the country funding request and the National Action Plan 2023-2027.

Target groups that have to be reached YEARLY over the period 2024-2026 are the following:

  • Men having Sex with other Men – 4,165 MSM to be reached with HIV prevention per year.
  • Transgender Persons – 1,079 TGs to be reached with HIV prevention per year
  • Sex Workers – 5,600 SWs to be reached with HIV prevention per year
  • Persons who inject drugs – 9,147 PWIDs to be reached with HIV prevention and Needle Exchange Programme per year

Based on these varying targets, interested NGOs should make two budgeted proposals: one for the minimum number of persons to be reached, one for the maximum number of persons to be reached.

The deadline for the submission of sub-proposals is at noon on the 6th of November 2023 at 3 p.m. on the 30th of October 2023.

All organizations interested to submit a proposal are invited to express their interest by email to info@pils.mu

The funding request and application templates for filling in proposals are available upon request.

Kindly call PILS on the following number – 212 48 41 – for additional information.

 

Should organisations require technical guidance, they are requested to contact PILS on the following email:  info@pils.mu

 

Applications should be sent by email to info@pils.mu and three hard copies should be hand delivered or posted to the following address:

 

Prévention Information Lutte contre le SIDA

3rd Floor, Labourdonnais Court,

 47, St. Georges Street,

 Port Louis

11324

 

19th October 2023

 

Annette Ebsen Treebhoobun

Executive Director

PILS

Droits LGBT+ : La sodomie dépénalisée, PILS salue une victoire historique

 

Port-Louis, 6 octobre – L’article 250 du Code pénal, qui criminalise la sodomie et, de fait, les relations entre hommes consentants, est inconstitutionnel et discriminatoire. Ainsi a statué la Cour suprême de Maurice dans deux jugements rendus ce mercredi 6 octobre.

« Cette victoire juridique marque un tournant dans la bataille pour la décriminalisation de la sodomie », s’est réjouie Nadia Peerun, la vice-présidente du conseil d’administration de PILS. Les juges David Chan Kan Cheong et Karuna Devi Gunesh Balaghee avaient entendu les arguments portés par Ridwan Ah Seek et quatre autres jeunes hommes gays, avec le soutien du Collectif Arc-en-ciel et de la Young Queer Alliance, à la suite des plaintes logées en 2019.

«Vers la fin de presque deux siècles de stigmatisation et de discrimination»

« Ce jugement historique est un pas vers la fin de presque deux siècles de stigmatisation et de discrimination sanctionnés par l’État et une meilleure inclusion de la communauté LGBTQIA+ dans la société mauricienne », a déclaré Nadia Peerun.

La plus haute instance juridique du pays a, en effet, souligné la nature foncièrement discriminatoire de l’article 250 dans le jugement rendu dans la plainte constitutionnelle portée par Ridwan Ah Seek contre l’État. Celui-ci, hérité de l’ère coloniale britannique, « a pour effet de criminaliser l’orientation sexuelle du plaignant, qui est un attribut inhérent à son identité sur lequel il n’a pas le choix », a déclaré la Cour suprême. Or, poursuivent les juges David Chan Kan Cheong et Karuna Devi Gunesh Balaghee, « le choix d’un partenaire sexuel par le plaignant ne peut être la base d’une discrimination et (…) il n’appartient pas à l’État de faire ce choix à sa place ».

Alors même que la section 16 de la Constitution pénalise toute discrimination sur la base de l’orientation sexuelle, « il doit, a fortiori, être illégitime de discriminer des personnes en raison de leur orientation sexuelle par rapport à l’expression des aspects les plus privés et les plus intimes de leur identité ».

« Nous saluons l’engagement, le courage et la ténacité de ces jeunes qui ont saisi la Cour suprême pour faire valoir leurs droits fondamentaux, ainsi que leur entourage, les associations et tous ceux qui les ont soutenus », a déclaré Annette Ebsen Treebhoobun, directrice exécutive de PILS.

Contact presse: Jacques Achille, directeur Communications stratégiques | j.achille@pils.mu | m : 52528140 

[Drogues] Support, don’t punish 2023 : Parski nou imin avan tou

 

À l’occasion de la journée Support. Don’t Punish ce lundi 26 juin, PILS rappelle que les personnes usagères de drogues sont trop souvent victimes de politiques répressives. Les récents amendements aux lois existantes s’inscrivent dans une politique favorable à leur santé, efficace pour lutter contre les transmissions du VIH et de l’hépatite C, et bénéfique pour l’ensemble de la société. Nous souhaitons que ces mesures salutaires ne soient pas des exceptions. Soutenir, pa pini, parski nou imin avan tou !

Parallèlement, les événements et les réflexions prévus dans le cadre du 26 juin, journée internationale des Nations unies contre l’abus et le trafic de drogues, mettent souvent en avant les « progrès » réalisés en matière de contrôle des drogues dans une perspective extrêmement punitive. En occultant le fait que les usagers·es sont avant tout des femmes, des hommes, des jeunes, qui travaillent, étudient, ont une famille, des amis·es, des voisins·es, des collègues, des responsabilités, qu’ils et elles respectent et assument pour la plupart. Sauf quand leur consommation devient problématique.

Dans tous les cas, ces personnes ont besoin de compassion, de soutien, d’accompagnement et d’une prise en charge globale qui leur permet de vivre, de travailler, d’accéder aux soins, à un travail. La journée mondiale d’action mondiale Support. Don’t Punish. Soutenir, pa pini, organisée par l’International Drug Policy Consortium – dont PILS est membre – remet ainsi l’accent sur la réduction des risques et la réforme des politiques en matière de drogues qui prennent en compte la santé et les droits humains.

La stigmatisation et la criminalisation mettent en danger les usagers·es de drogues

La stigmatisation est un frein dans le quotidien des personnes consommatrices de substances, en particulier par voie injectable. Parmi celles-ci, 77,3 % rapportent avoir subi des insultes de leur entourage (famille et amis·es). Tandis que 61,6 % déclarent avoir déjà été agressées physiquement par leurs proches à cause de leur consommation, selon l’étude de surveillance biologique et comportementale du VIH menée auprès de cette population en 2020 (IBBS-PWID, 2020). Le soutien des proches est pourtant essentiel pour éviter que ces personnes soient davantage vulnérabilisées et précarisées.

Le certificat de caractère est un autre élément de stigmatisation dans la vie quotidienne des usagers·es. En effet, 80,8 % des personnes qui utilisent des drogues par injection déclarent avoir déjà été arrêtées par la police. Parmi celles-ci, la grande majorité, soit 75,6 %, est déjà passée par la case prison (IBBS-PWID, 2020). Une sanction inscrite sur un certificat de caractère est une double peine, qui freine la recherche d’emploi et la réintégration sociale d’individus souvent vulnérables apprès avoir purgé leur peine. Et tend à exclure ces personnes de la société, et du système de soin.

Des changements salutaires pris sous l’impulsion des associations

PILS salue les amendements législatifs et protocolaires récents qui viendront améliorer la qualité de vie et la santé des usagers·es de produits psychoactifs. La mise en place d’un Drug Users Administrative Panel (DUAP) est ainsi prévue sous la Dangerous Drugs Act, suivant un plaidoyer de longue haleine des associations de lutte contre le VIH et engagées dans la réduction des risques, dont PILS. Les personnes arrêtées pour possession de substances illicites à usage personnel ne seront plus envoyées en prison. Elles bénéficieront d’un accompagnement psychosocial et de réhabilitation avec des professionnels·les de santé.

Autre mesure qui va dans ce sens : les nouveaux protocoles encadrant le programme de substitution à la méthadone mis en place graduellement depuis mars 2023. Le temps d’attente pour l’induction sur ce programme devrait diminuer, ce qui permettra d’accommoder un plus grand nombre de personnes.

En outre, les kits d’injection qui doivent être intégrés au programme national d’échange de seringues – à la suite des amendements à la HIV & AIDS Act – permettront à ces usagers·es, particulièrement exposés·es au VIH et à l’hépatite C, de mieux se protéger.

Toutes ces mesures permettront aux personnes concernées de s’occuper de leur santé, de travailler, d’assumer leurs responsabilités, de se (re)construire.

La réduction des risques : une stratégie de santé publique à l’efficacité prouvée

Les actions de réduction des risques (distribution de matériel, accompagnement et éducation aux risques liés à l’injection, distribution de méthadone, etc.) ont montré leur efficacité en termes de santé publique. Le nombre de nouveaux cas de VIH chez les personnes usagères de drogues par injection est passé de 92 % en 2005 à 22 % en 2020.

À l’inverse, les mesures répressives perpétuent un cycle de sanctions et de marginalisation. Cette approche entrave l’emploi et limite les possibilités de réinsertion. L’impact du certificat de caractère dans la vie quotidienne des usagers est un exemple concret de réformes nécessaires au niveau pénal. En effet, une sanction inscrite sur un certificat de caractère pour consommation de drogues peut entraîner des répercussions sur une vie entière en créant des obstacles à la réintégration sociale et place les individus dans des situations de vulnérabilité.

Le tout-répressif est inefficace, contre-productif et contre la santé publique. L’État mauricien s’est engagé dans une politique moins rigide face à la consommation de drogue. Nous demandons à nos décideurs·ses politiques de poursuivre dans la voie d’une approche compatissante et fondée sur des preuves, avec l’humain au centre, où les personnes usagères de drogues ne sont plus criminalisées. PILS maintient ainsi son plaidoyer en réaffirmant avec force que Maurice doit Soutenir, pa pini, en rappelant que nou imin avan tou.

 

Contact presse

Elodie Sanasee, coordinatrice plaidoyer et communication

e.sanasee@pils.mu – m : 55 15 89 61 – t : 212 48 41

AIDS Candlelight Memorial 2023: Anou propaz lamour ek solidarite pou enn kominote pli for!

 

Port Louis, 19 mai 2023 — Chaque année, le troisième dimanche du mois de mai marque la commémoration internationale « AIDS Candlelight Memorial ». Cette journée souvenir importante est l’occasion de se souvenir des personnes décédées de causes liées au sida (syndrome d’immunodéficience acquise). Une cérémonie commémorative sera organisée au centre Nou Vi La de PILS, rue St Georges, Port-Louis, le dimanche 21 mai, de 18 heures à 19 h 30.

Pour rendre hommage à celles et ceux qui nous ont quittés∙es, le chanteur Mika Ramsamy, fidèle de longue date, sera de la partie, accompagné de Kerjo et de Jonas and the Roots Level Band. Il y aura également les danseurs de Free Move Dancers sous la houlette de Jason Louis, ainsi que la participation du slameur le Penseur d’ébène et de la slameuse Géraldine Baptiste. Enfin, des sculptures et tableaux signés respectivement par Bleck Lindor et Youstasha seront exposés.

PILS se joint ainsi aux centaines d’associations et des milliers d’acteurs et actrices de la lutte contre l’épidémie à travers le monde qui, depuis 40 ans, se rassemblent chaque année pour cet événement de soutien aux personnes vivant avec le VIH mais aussi à celles qui se sont engagées à les aider.

Un rôle crucial dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination

L’International AIDS Candlelight Memorial joue un rôle crucial dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination associées à ce virus, dans la mobilisation des communautés et dans la sensibilisation au VIH/sida. Le thème retenu cette année – « Anou propaz lamour ek solidarite pou enn kominote pli for! », « répandre l’amour et la solidarité pour construire des communautés plus fortes » – met justement l’accent sur les difficultés énormes rencontrées par les personnes vivant avec le VIH en raison des préjugés et de la stigmatisation omniprésents, qui provoquent souvent des sentiments de culpabilité, d’insécurité et de solitude. Ces obstacles les empêchent d’obtenir les soins et le soutien dont elles ont besoin, ou même de se faire dépister.

La stigmatisation, un obstacle à des services vitaux

Avec les progrès significatifs de la médecine ces 40 dernières années, le VIH est considéré comme une maladie chronique, avec laquelle on peut vivre longtemps. De plus, une personne séropositive qui suit son traitement antirétroviral n’aura presque plus de virus dans l’organisme. Elle ne le transmet plus (indétectable = intransmissible).

Les décès liés au VIH en hausse

Or, à Maurice, les décès liés au VIH dans toutes les catégories d’âge ont augmenté de 26 % entre 2012 et 2021, selon les statistiques nationales. Cette hausse s’élève à 36 % chez les hommes adultes et à 20 % chez les femmes adultes pour la même période.

Cette tendance inquiétante s’explique, entre autres, par la présentation tardive des personnes séropositives – souvent dans un état de santé grave – dans les établissements de santé pour les soins VIH et la mauvaise observance du traitement, qui conduit à des échecs thérapeutiques (source : Mauritius National HIV Action Plan 2023-2027).

Lire le communiqué dans son intégralité : AIDS Candlelight Memorial_PILS_Communique_MAI2023

Thierry Arékion maintenu à la présidence de PILS

De g. à dr. : Jean-Daniel Wong, Nadia Peerun, Thierry Arékion, Thierry Runga, Sultan Beeharry, Ornella Chellen, Selvana Mootien, Rachèle Bhoyroo (©PILS)

Port-Louis, 31 mars 2023 – Thierry Arékion entame sa troisième année en tant que président du conseil d’administration de PILS. Les membres élus-es l’ont désigné à la suite de l’assemblée générale annuelle qui s’est tenu le jeudi 30 mars, au centre Nou Vi La.

Le président et le conseil d’administration souhaitent poursuivre les chantiers entamés, d’autant que l’association s’est dotée récemment d’un nouveau plan stratégique pour la période 2022-2025.

Les membres ont réélu Nadia Peerun et Emilie Trousselier-Seepursaund pour les trois prochaines années. Rachele Bhoyroo les rejoint pour un mandat d’une durée similaire. L’ancienne chargée de communication de PILS remplace Collette Lamb, dont l’appui, le soutien et l’engagement ont été des moteurs au sein du conseil exécutif. Son « dévouement » à l’association a d’ailleurs été salué par le président.

PILS a ainsi le plaisir d’annoncer la composition du bureau du conseil d’administration pour 2023-2024 :

  • Thierry Arékion, président
  • Nadia Peerun, vice-présidente
  • Jean-Daniel Wong, trésorier
  • Thierry Runga, trésorier adjoint
  • Selvana Mootien, secrétaire
  • Ornella Chellen, secrétaire adjointe

Les autres membres du CA sont : Sultan Beeharry, Rachèle Bhoyroo et Emilie Trousselier-Seepursaund.

Thierry Arékion, président de l’association PILS, salue les amendements votés au HIV and AIDS Act, la semaine dernière. Ceux-ci viennent autoriser l’autotest de dépistage du VIH et l’inclusion d’un kit d’injection dans le programme d’échange de seringues.

« L’autotest de dépistage du VIH permettra d’augmenter l’étendue du dépistage du VIH à Maurice, et ainsi de contribuer à améliorer la cascade de soins VIH, souligne Thierry Arékion. Ce changement vient renforcer les actions de PILS dans le cadre du dépistage, telles que la Semaine internationale du dépistage qu’ensemble avec Coalition PLUS, nous avons lancée à Maurice en 2020. »

« D’autre part, l’inclusion de kit d’injection, ou ‘paraphernalia’, dans le programme d’échange de seringues est l’aboutissement d’un combat de longue haleine, poursuit Thierry Arékion. On ne peut que se réjouir aujourd’hui : le kit de ‘paraphernalia’ permettra d’assurer une meilleure santé aux personnes qui s’injectent des drogues, et de limiter l’exposition au ou la transmission du VIH et du virus de l’hépatite C. Et dire qu’en 2014, le programme national de réduction des risques avait pris un sérieux coup dont les effets commencent à se faire sentir. »

Pour le président de PILS, « une coopération beaucoup plus étroite avec les organismes gouvernementaux est nécessaire pour que PILS puisse atteindre ses objectifs et le pays se rapprocher des objectifs 95-95-95 fixés par l’Onusida ». Cette coopération, qui n’a pas toujours été souple, « s’est grandement renforcée depuis le premier confinement dû à la Covid-19 », fait ressortir Thierry Arékion, et a permis l’ouverture du centre de santé sexuelle Banian au sein du centre communautaire Nou Vi La que gère PILS.

Lire le communiqué dans son intégralité ici

Drogues : le modèle portugais adapté à Maurice

Le « Drug Users Administrative Panel » (DUAP) devrait être une réalité à Maurice courant 2023. Des amendements au « Dangerous Drugs Act » encadrant sa mise en place ont été votés à l’Assemblée nationale le 15 novembre 2022[1]. Ils amorcent un changement fondamental : l’usage et la possession de drogues illicites pour consommation personnelle ne seront désormais plus considérés comme des crimes entraînant de facto des poursuites en justice. À la place, il y aura un référencement vers des services de sensibilisation, de soutien, d’accompagnement et d’addictologie au cas par cas. Cette approche de l’État mauricien s’inspire du modèle de décriminalisation mis en place au Portugal.

 

C’est quoi, le modèle portugais de décriminalisation des drogues ?

En 2001, le Portugal a décriminalisé la possession des drogues à travers la loi 30/2000 [2]. L’usage, l’acquisition et la possession de tout type de drogue destinée à l’usage personnel deviennent des infractions administratives. Les consommateurs et consommatrices sont dorénavant traités-es comme des personnes qui nécessitent une prise en charge sociale et médicale. Les trafiquants-es de drogues sont, pour leur part, toujours considérés-es comme des criminels-les.

Toute personne prise avec une petite quantité de drogue, équivalente à moins 10 jours de consommation personnelle (par exemple, 25 grammes de cannabis, 1 gramme d’héroïne,), est convoquée devant un panel administratif appelé « commission pour la dissuasion des addictions ». Ces membres – un-e juriste ainsi que deux professionnels-les de la santé – décident des mesures à prendre selon le niveau de risque de la personne.

Comment fonctionne la commission pour la dissuasion des addictions

Le comité peut décider

  • de fermer le dossier sans aucune pénalité,
  • d’imposer une amende,
  • de référer les personnes vers des services de réduction des risques et de traitement spécialisé, sans aucune obligation,
  • d’un référencement vers le counseling et d’autres services de soutien, toujours sans aucune obligation.

Ces commissions, mises en place dans chaque district du Portugal, assurent que les personnes ont accès aux services de santé sans stigmatisation, et encouragent la réduction des risques et le traitement si nécessaire. Les substances sont confisquées mais dans la majorité des cas, la procédure est suspendue et il n’y a pas d’amende.

 

Les résultats[3]

Diagnostics de VIH/sida chez les personnes usagères de drogues[4]

  • 2001 : plus de 1 000 personnes recensées
  • 2013 : moins de 100 personnes dépistées

Surdoses mortelles :

  • 2008 : 93
  • 2013 : 22

De 2000 à 2013, le pays note une baisse de 23 % des personnes incarcérées pour des délits impliquant les drogues[5].

La décriminalisation, seul axe de l’approche portugaise ?

La décriminalisation n’est pas la légalisation. Les délits de trafic et de vente de drogues sont toujours considérés comme des crimes au Portugal.

Le Dr João Goulão, l’un des architectes de ce modèle de décriminalisation, précise qu’il ne s’agit pas seulement de mettre en place des commissions mais aussi d’investir plus largement dans la santé publique et les structures de soutien, notamment dans la prévention et le traitement.

Les points de vigilance pour Maurice

La mise sur pied du DUAP étant en cours, il est nécessaire de s’intéresser de plus près à ce qui suit, car à la base du succès du modèle portugais :

  • la question du protocole de référencement et de contre-référencement qui sera établi pour l’usage personnel
  • le nombre de fois qu’une personne pourra être référer vers le panel avant de faire face à des poursuites criminelles
  • l’évaluation, s’il y en a, des difficultés rencontrées par les personnes référées à adhérer aux conditions établies par le DUAP
  • le référencement (obligatoire ?) vers les services de soins
  • le processus pour les personnes incarcérées. Au Portugal, les personnes détenues ont aussi accès aux panels et n’encourent pas de pénalités additionnelles pour la consommation de drogue.

[1] https://mauritiusassembly.govmu.org/Documents/Hansard/2022/hansard2922.pdf

[2] https://transformdrugs.org/blog/drug-decriminalisation-in-portugal-setting-the-record-straight

[3] Source : Service portugais d’intervention autour des comportements addictifs et des dépendances (SICAD)

[4] A. S. Santos & Ó. Duarte, Portugal: New Developments, Trends, National Report by the Reitox Focal Point, EMCDDA, Lisbon, 2014. Source : https://www.emcdda.europa.eu/system/files/publications/996/2014_NATIONAL_REPORT.pdf

[5] https://www.cairn.info/revue-mouvements-2016-2-page-22.htm#pa24