[Drogues] Support, don’t punish 2023 : Parski nou imin avan tou

trois activistes de l'ONG Prévention Information Lutte contre le sida en soutien à la campagne Support Don't Punish, en faveur du soutien pour les personnes usagères de drogues

 

À l’occasion de la journée Support. Don’t Punish ce lundi 26 juin, PILS rappelle que les personnes usagères de drogues sont trop souvent victimes de politiques répressives. Les récents amendements aux lois existantes s’inscrivent dans une politique favorable à leur santé, efficace pour lutter contre les transmissions du VIH et de l’hépatite C, et bénéfique pour l’ensemble de la société. Nous souhaitons que ces mesures salutaires ne soient pas des exceptions. Soutenir, pa pini, parski nou imin avan tou !

Parallèlement, les événements et les réflexions prévus dans le cadre du 26 juin, journée internationale des Nations unies contre l’abus et le trafic de drogues, mettent souvent en avant les « progrès » réalisés en matière de contrôle des drogues dans une perspective extrêmement punitive. En occultant le fait que les usagers·es sont avant tout des femmes, des hommes, des jeunes, qui travaillent, étudient, ont une famille, des amis·es, des voisins·es, des collègues, des responsabilités, qu’ils et elles respectent et assument pour la plupart. Sauf quand leur consommation devient problématique.

Dans tous les cas, ces personnes ont besoin de compassion, de soutien, d’accompagnement et d’une prise en charge globale qui leur permet de vivre, de travailler, d’accéder aux soins, à un travail. La journée mondiale d’action mondiale Support. Don’t Punish. Soutenir, pa pini, organisée par l’International Drug Policy Consortium – dont PILS est membre – remet ainsi l’accent sur la réduction des risques et la réforme des politiques en matière de drogues qui prennent en compte la santé et les droits humains.

La stigmatisation et la criminalisation mettent en danger les usagers·es de drogues

La stigmatisation est un frein dans le quotidien des personnes consommatrices de substances, en particulier par voie injectable. Parmi celles-ci, 77,3 % rapportent avoir subi des insultes de leur entourage (famille et amis·es). Tandis que 61,6 % déclarent avoir déjà été agressées physiquement par leurs proches à cause de leur consommation, selon l’étude de surveillance biologique et comportementale du VIH menée auprès de cette population en 2020 (IBBS-PWID, 2020). Le soutien des proches est pourtant essentiel pour éviter que ces personnes soient davantage vulnérabilisées et précarisées.

Le certificat de caractère est un autre élément de stigmatisation dans la vie quotidienne des usagers·es. En effet, 80,8 % des personnes qui utilisent des drogues par injection déclarent avoir déjà été arrêtées par la police. Parmi celles-ci, la grande majorité, soit 75,6 %, est déjà passée par la case prison (IBBS-PWID, 2020). Une sanction inscrite sur un certificat de caractère est une double peine, qui freine la recherche d’emploi et la réintégration sociale d’individus souvent vulnérables apprès avoir purgé leur peine. Et tend à exclure ces personnes de la société, et du système de soin.

Des changements salutaires pris sous l’impulsion des associations

PILS salue les amendements législatifs et protocolaires récents qui viendront améliorer la qualité de vie et la santé des usagers·es de produits psychoactifs. La mise en place d’un Drug Users Administrative Panel (DUAP) est ainsi prévue sous la Dangerous Drugs Act, suivant un plaidoyer de longue haleine des associations de lutte contre le VIH et engagées dans la réduction des risques, dont PILS. Les personnes arrêtées pour possession de substances illicites à usage personnel ne seront plus envoyées en prison. Elles bénéficieront d’un accompagnement psychosocial et de réhabilitation avec des professionnels·les de santé.

Autre mesure qui va dans ce sens : les nouveaux protocoles encadrant le programme de substitution à la méthadone mis en place graduellement depuis mars 2023. Le temps d’attente pour l’induction sur ce programme devrait diminuer, ce qui permettra d’accommoder un plus grand nombre de personnes.

En outre, les kits d’injection qui doivent être intégrés au programme national d’échange de seringues – à la suite des amendements à la HIV & AIDS Act – permettront à ces usagers·es, particulièrement exposés·es au VIH et à l’hépatite C, de mieux se protéger.

Toutes ces mesures permettront aux personnes concernées de s’occuper de leur santé, de travailler, d’assumer leurs responsabilités, de se (re)construire.

La réduction des risques : une stratégie de santé publique à l’efficacité prouvée

Les actions de réduction des risques (distribution de matériel, accompagnement et éducation aux risques liés à l’injection, distribution de méthadone, etc.) ont montré leur efficacité en termes de santé publique. Le nombre de nouveaux cas de VIH chez les personnes usagères de drogues par injection est passé de 92 % en 2005 à 22 % en 2020.

À l’inverse, les mesures répressives perpétuent un cycle de sanctions et de marginalisation. Cette approche entrave l’emploi et limite les possibilités de réinsertion. L’impact du certificat de caractère dans la vie quotidienne des usagers est un exemple concret de réformes nécessaires au niveau pénal. En effet, une sanction inscrite sur un certificat de caractère pour consommation de drogues peut entraîner des répercussions sur une vie entière en créant des obstacles à la réintégration sociale et place les individus dans des situations de vulnérabilité.

Le tout-répressif est inefficace, contre-productif et contre la santé publique. L’État mauricien s’est engagé dans une politique moins rigide face à la consommation de drogue. Nous demandons à nos décideurs·ses politiques de poursuivre dans la voie d’une approche compatissante et fondée sur des preuves, avec l’humain au centre, où les personnes usagères de drogues ne sont plus criminalisées. PILS maintient ainsi son plaidoyer en réaffirmant avec force que Maurice doit Soutenir, pa pini, en rappelant que nou imin avan tou.

 

Contact presse

Elodie Sanasee, coordinatrice plaidoyer et communication

e.sanasee@pils.mu – m : 55 15 89 61 – t : 212 48 41