Actualites types: Communiqué
Plateforme Océan Indien : Atelier de lancement de reconduction des conventions-programmes

Réduction des risques : l’expertise de Maurice se partage
PES CUT ROCHE BOIS

Les participants-es au stage sur la RdR sur le site d’échange de seringues de l’association CUT à Roche-Bois.
PES MOH Cite la cure

Legende : Les participants-es au stage en pleine discussion avec des officiers du ministère de la Santé sur les modalités du programme d’échange de seringues, ici sur le site de Cité La Cure.
COVID19 et VIH: Communiqué
COMMUNIQUE
Dans le contexte de la pandémie de COVID19, Prévention Information Lutte Contre Le SIDA (PILS) a adapté ses actions pour assurer la continuité de ses services à destination des plus vulnérables. Bien que pour le moment nous ne fassions plus d’accueil dans nos locaux, la priorité de PILS en cette situation de crise sanitaire, est le maintien des soins des personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales tout en limitant la propagation du COVID–19. Les populations avec lesquelles nous travaillons sont souvent des personnes isolées, fragilisées et avec des comorbidités importantes, donc plus vulnérables face à ce nouveau virus.
Depuis le début du confinement national, un protocole de télétravail a été mis sur pied pour les salarié.e.s. Loin d’être suspendues, nos activités de terrain se poursuivent dans le strict respect des consignes sanitaires établies. Avec les moyens et ressources dont nous disposons durant cette période de crise, nous assurons l’accompagnement et le suivi des personnes vivant avec le VIH les plus fragilisé.e.s par cette situation. Afin d’empêcher la propagation du COVID 19 et de protéger les patient.e.s avec un système immunitaire fragile, qui sont donc de ce fait plus à risque de développer des complications importantes, nous avons mis en place un service de suivi individualisé et agissons comme relais auprès du Ministère de la Santé et du Bien-être afin que les patient.e.s puissent avoir accès à leurs traitements. La sécurité alimentaire de nombreuses personnes vivant avec le VIH étant rendue précaire par le confinement, nous mettons en place les partenariats nécessaires afin d’y pallier du mieux possible.
Relation d’aide à distance.
Afin d’assurer une continuité dans le soutien des personnes que nous accompagnons, en particulier les plus isolées, notre hotline gratuite, le 8999 réadapte ses services au COVID19. Cette ligne téléphonique est opérationnelle du lundi au samedi de midi à 20 heures pour les personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales en difficultés durant le confinement, afin qu’elles puissent obtenir des informations sur le VIH et le COVID, sur les activités qui sont maintenues et pour le soutien dont elles auraient besoin. Cette relation d’aide à distance est aussi là pour répondre aux questions en lien avec la prévention et la santé sexuelle du public.
Solidarité et collaboration
Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement et aux épidémies. Le VIH et aujourd’hui le COVID19 qui nous frappent de manière brutale mettent à nu les inégalités de notre société. Face à l’urgence sanitaire, PILS met à contribution les leçons apprises durant ces 20 dernières années de lutte contre le VIH/SIDA. En tant que Principal Récipiendaire du Fonds mondial pour la société civile, nous sommes aux côtés de nos partenaires associatifs pour déployer les moyens techniques et les ressources nécessaires afin de leur permettre d’affronter cette nouvelle pandémie et veiller à la continuité de nos actions auprès des populations les plus vulnérables. De nouvelles solidarités s’installent et aujourd’hui plus que jamais, l’expertise communautaire peut contribuer dans la riposte contre le COVID19. En tant que porteur de la Plateforme Océan Indien de Coalition Plus, cette union internationale a immédiatement mis à disposition de PILS une enveloppe financière pour faire face au COVID19. Ainsi nous avons pu nous équiper et équiper certains de nos partenaires en matériels de protection. Enfin saluons la plupart des bailleurs locaux et internationaux de PILS pour leur grande bienveillance dans cette crise sanitaire, nous permettant de l’affronter avec professionnalisme et les moyens nécessaires.
Contact presse
Rachèle Bhoyroo
M: 57836928
Skype: r.bho@outlook.com
Hépatite C : Le traitement à Maurice
Maladie silencieuse, l’hépatite C peut être mortelle. Sans pour autant se manifester durant des années. Pourtant, on peut en guérir. Où se faire soigner à Maurice ? Comment accéder au traitement ? Réponses avec le Dr Zaid Heetun, gastro entérologue et conseiller auprès du ministère de la Santé (interview réalisée en créole mauricien).
SEXTRA : Ton expérience compte, exprime toi
SEXTRA : projet de recherche en ligne
SEXTRA est un projet de recherche communautaire qui a pour objectif d’identifier les déterminants du VIH et de collecter des données sur les besoins en santé sexuelle des travailleurs du sexe cis ou trans et les travailleuses du sexe trans, qui utilisent internet pour négocier des échanges ou des services sexuels contre de l’argent ou d’autres biens et services. Le but de cette recherche est d’articuler des services de santé pour ces populations et de mettre en place un plaidoyer plus inclusif.
SEXTRA est une enquête multi-pays qui se déroule dans huit pays : Bolivie (IDH), Canada (REZO), Equateur (Kimirina), France (AIDES), Maroc (ALCS), Maurice (PILS), Portugal (GAT) et Roumanie (ARAS). Cette étude est financée par l’ANRS et portée par Coalition PLUS.
Comment participer à l’enquête ?
L’étude SEXTRA se déroule uniquement en ligne et en toute confidentialité. Ce lien www.sextra.online vous amènera directement au questionnaire. Il est possible de remplir le questionnaire en créole, français ou anglais.
Pour en savoir plus sur SEXTRA
3 questions à Manuela Salcedo de Aides sur l’enquête SEXTRA
https://www.komitid.fr/2022/02/16/3-questions-a-manuela-salcedo-de-aides-sur-lenquete-sextra/
Lancement de SEXTRA, une étude exploratoire pilotée par Coalition PLUS
https://toujoursplus.mailchimpsites.com/lancement-de-sextra
Pour toute question sur l’étude SEXTRA à Maurice, contactez Niloufer : n.khodabocus@pils.mu
Le cannabis médical, une réalité à Maurice
Après avoir étudié les recommandations du comité technique sur l’usage du cannabis médical publié en janvier 2022, le Steering Committee du ministère de la Santé et du Bien-être a donné son accord pour l’introduction du cannabis thérapeutique à Maurice. Des essais démarreront à l’hôpital Victoria, Candos. Des spécialistes devront au préalable suivre une formation.
C’est quoi, le cannabis médical ?
En décembre 2020, la Commission des Nations unies sur les stupéfiants a reconnu la valeur thérapeutique du cannabis en l’enlevant du Tableau IV de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. Une convention réservée aux opiacés mortels et addictifs spécifiques et n’ayant que peu, voire aucun effet thérapeutique. Mais qu’est-ce que le cannabis médical ?
Le cannabis médical, aussi appelé cannabis thérapeutique, est l’utilisation de cette substance pour soulager des symptômes ou soigner une maladie particulière. Dans ce cas, les effets psychoactifs du cannabis ne sont pas recherchés.
Le cannabis est composé de cannabinoïdes. Ces composantes chimiques, dont il existe plusieurs molécules, produisent certaines réactions lorsque consommées. Les cannabinoïdes impliqués sont le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Ces produits se présentent sous diverses formes, qui vont déterminer le mode d’administration (inhalation, vaporisation, voie orale et application locale). Les produits thérapeutiques à base de cannabinoïdes, qu’ils aient ou non une licence pharmaceutique, sont considérés comme du cannabis médical. À Maurice, le gouvernement prévoit de dispenser des produits importés approuvés par l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration, FDA), la European Medicines Agency, Health Canada, la Therapeutic Goods Agency of Australia, and la South African Health Products Regulatory Agency dans un premier temps. Les produits ayant une licence FDA ont fait leur preuve durant des essais contrôlés et figurent largement dans la littérature sur l’efficacité de ce type de traitement.
Les points forts des recommandations du comité technique sur le cannabis médical :
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Les patient·e·s auront accès aux traitements sous diverses formes, gratuitement, dans les hôpitaux.
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Le cannabis médical sera prescrit aux patient·e·s souffrant d’un cancer et qui nécessitent une chimiothérapie, d’épilepsie, de douleur neuropathique chronique ne répondant pas aux traitements conventionnels et de sclérose en plaques, entre autres.
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Une formation sera mise en place pour le corps médical ainsi que les soignant·e·s, pharmacien·ne·s et autres personnels de santé impliqué·e·s dans la mise en œuvre de cette phase pilote. Une licence permettant la prescription de cannabis médical sera octroyée aux médecins ayant suivi la formation.
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Un panel de spécialistes sera mis en place au niveau des hôpitaux régionaux pour évaluer l’éligibilité des patient·e·s.
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Les patient·e·s traité·e·s dans le privé pourront accéder au traitement à travers un référencement vers le panel d’éligibilité. Le médicament sera toutefois payant.
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La Dangerous Drugs Act (DDA) sera amendée pour exclure les produits de cannabis médical.
Ce qu’en pense PILS
Le cannabis médical est autorisé dans une trentaine de pays et son introduction à Maurice est un pas en avant, que ce soit au niveau médical mais aussi économique. En effet, cette phase pilote pourrait laisser place à une mise à l’échelle avec une panoplie de produits adéquats pour davantage de patient·e·s. La gratuité des traitements en garantira l’accessibilité à tou·te·s alors qu’une formation du personnel médical permettra de déstigmatiser ce type de traitement et de renforcer en capacité les médecins sur la prescription de produits à base de cannabis pour les patient·e·s éligibles.
Cependant, il est nécessaire d’étoffer la panoplie de produits disponibles après la phase pilote ainsi que les pathologies éligibles en investissant dans la recherche au niveau local.
D’un point de vue financier, l’industrie du cannabis est un marché très prometteur, d’autant que les politiques publiques par rapport à la légalisation du cannabis (thérapeutique et à usage récréatif) évolue dans le monde. Ainsi, le développement d’une industrie locale pourrait être bénéfique à notre économie. Nous constatons que plusieurs recommandations de PILS ont été prises en compte par le comité technique. Cependant, nous maintenons notre vigilance quant à la mise en œuvre de cette phase pilote. Une campagne de communication solide pour informer la population sur le cannabis médical afin de déstigmatiser son utilisation et encourager les personnes concernées à aller vers ce traitement pour assurer le succès de cette première étape est nécessaire.

AFRAVIH 2022 : PILS plaide pour la PrEP pour les femmes et la paire éducation
Une délégation de PILS a participé à l’AFRAVIH 2022, soit la 11e Conférence internationale francophone VIH/Hépatites/Santé sexuelle/Infections émergentes, à Marseille (France). Nos représentantes ont souligné dans leurs interventions le rôle essentiel des pair·e·s éducateur·rice·s, et de l’approche communautaire pour faciliter l’accès pour les femmes à la PrEP.
PILS était bien présente lors de l’AFRAVIH, de retour en présentiel après une dixième édition en ligne. Le programme de la délégation était chargé : du plaidoyer, des conférences plénières, des tables rondes, de nombreuses rencontres et des échanges de pratiques avec des partenaires associatifs, techniques et financiers, et des organisations internationales.
En tant que membre de Coalition PLUS, PILS est signataire de l’Appel de Marseille pour la reconnaissance de l’importance de la santé sexuelle au niveau international.
Niloufer Khodabocus et Elodie Sanasee sont intervenues respectivement sur le projet Riposte lors du symposium organisé par Coalition PLUS et sur les résultats de l’étude PrEP Femmes menée à Maurice. Tandis qu’Annette Ebsen Treebhoobun et Nadia Peerun, directrice exécutive et vice-présidente de PILS respectivement, y assistaient en leur qualité d’administratrices de Coalition PLUS.
Lors de sa communication orale, Niloufer Khodabocus, coordinatrice de la recherche, a souligné l’« Intérêt et intention d’utiliser la PrEP par les femmes partenaires des personnes qui s’injectent des drogues à l’île Maurice ». À Maurice, la prévalence du VIH parmi les personnes s’injectant des drogues (PID) est de 21 %, ce qui implique un risque élevé pour leurs partenaires sexuel·le·s (ministère de la Santé et Bien-être, 2021). Bien que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) soit disponible gratuitement dans les hôpitaux publics depuis novembre 2018, l’accès des partenaires femmes des PID (PPID) à cet outil de prévention reste limité, voire inexistant. Or, l’étude a révélé qu’elles sont très intéressées par cet outil de prévention. Des stratégies de communication et de déploiement de la PrEP adaptées aux besoins de cette population doivent être élaborées et mise en place.
Elodie Sanasee, coordinatrice du plaidoyer et de la communication et du projet Riposte, a plaidé aux côtés d’autres Riposteur·se·s pour la reconnaissance morale et légale du statut des pair·e·s éducateur·rice·s lors du symposium de Coalition PLUS sur « Le rôle incontournable du système de santé communautaire : l’exemple de la santé sexuelle ».
Issu·e·s des communautés qu’ils et elles accompagnent, les PE sont leurs premiers points de contact, a rappelé Élodie Sanasee. Leur contribution est, par conséquent, considérable dans l’orientation et l’accompagnement des personnes, et pour faire reculer les inégalités.
Coordinatrice de Riposte à Maurice, elle a plaidé en faveur du financement d’initiatives communautaires, celles-ci étant les plus à même d’être au plus près des personnes vulnérables au VIH et de les ramener vers le soin. Sur ce plan, l’impact de la Covid-19 se fait sentir, a-t-elle rappelé, les confinements ayant été particulièrement difficiles pour les PID qui, à cause de la stigmatisation et de la criminalisation de leurs pratiques, se sont éloignés des systèmes de santé publics.
Pour rappel, le projet Riposte de Coalition PLUS vise à renforcer les capacités des populations clés pour déployer les stratégies et l’expertise communautaire à grande échelle.
Autre question majeure abordée lors de l’AFRAVIH : celle du financement de la riposte mondiale contre le VIH, la septième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial étant prévue en septembre, à New York (États-Unis). La délégation de PILS a participé à la manifestation de AIDES, sur le Vieux Port, en faveur d’une augmentation de la contribution de la France au FM de moitié. Elodie Sanasee a ainsi participé à la réalisation d’une vidéo, pour le projet Riposte, soulignant l’importance du financement communautaire dans la lutte contre le VIH.
L’AFRAVIH a rassemblé, du 6 au 9 avril, plus de 1 200 chercheur·se·s, médecins, activistes et institutionnel·le·s du Nord et du Sud de 46 pays francophones.
Retrouvez les communications écrites signées et co-signées par PILS à l’AFRAVIH 2022
- p. 487-488 : « Femmes et PrEP : pourquoi ce désamour ? Résultats d’une étude au Mali, Maroc et Maurice »
- p. 507-50Int8 : « Intérêt et intention d’utiliser la PrEP par les femmes partenaires des personnes qui s’injectent des drogues à l’île Maurice »

La PFOI de retour dans la région
Après deux ans de confinements et de chamboulements quotidiens dus à la Covid-19, la Plateforme Coalition PLUS Océan Indien (PFOI) a enfin renoué en présentiel avec les associations des Comores et des Seychelles.
Le déplacement aux Comores en janvier fut la première mission en présentiel hors du territoire mauricien depuis les débuts de la pandémie. L’activité principale était un atelier sur le plaidoyer, réalisé avec le soutien de Coalition PLUS. Les partenaires de la plateforme, ainsi que d’autres associations comoriennes impliquées dans la lutte contre le sida, ont travaillé pendant quatre jours sur un plan de plaidoyer autour du financement de la riposte par l’État. La PFOI a aussi profité de son passage pour rencontrer la Direction de lutte contre le sida et les représentant·e·s du Country Coordinating Mechanism (CCM) local.
La mission aux Seychelles, en février, a permis à la PFOI de renouer les liens avec les associations partenaires du territoire, ainsi que les autres acteurs et institutionnels, pour discuter de l’évolution de l’épidémie de VIH et les nouveaux défis qui se présentent sur le territoire : le National AIDS Council, HASO, DURNS, ASFF et LGBTQI Sey. La situation concernant la consommation de drogues injectables, très répandue, et la réduction des risques ainsi que la structuration des associations ont été abordées.
La PFOI poursuit les missions dans la région avec plusieurs activités prévues, à Madagascar.
AIDS Candlelight Memorial 2022 : Nou rapel, nou azir, nou pou sirmont VIH
AIDS Candlelight Memorial 2022
« Nou rapel, nou azir, nou pou sirmont VIH »
Port-Louis, 13 mai 2022 — Le 15 mai, une centaine d’organisations communautaires et des milliers de personnes participeront à des événements dans plus de 115 pays pour soutenir la 39e veillée internationale, l’« AIDS Candlelight Memorial ». À Maurice, PILS et d’autres organisations communautaires de lutte contre le sida se rassembleront pour commémorer les personnes décédées depuis le début de l’épidémie et pour exprimer leur solidarité avec celles et ceux vivant avec et affectées par le VIH.
Après deux confinements dus à la Covid-19, ce moment fort de sensibilisation et de mobilisation se tiendra à nouveau en présentiel. Nous nous retrouverons au centre communautaire Nou Vi La de PILS, le dimanche 15 mai, de 17 heures à 19 heures, sous le thème retenu depuis 2020 : « Nou rapel, nou azir, nou pou sirmont VIH ». Il nous rappelle la nécessité d’une approche basée sur la responsabilité individuelle et collective et le respect des droits humains dans la riposte contre le VIH et la Covid-19.
Au programme de cette soirée : projection d’un film lié au VIH, suivi des témoignages de personnes affectées par le VIH.
Le VIH à Maurice
À Maurice et ailleurs, la pandémie du nouveau coronavirus a mis à mal les progrès effectués contre le VIH, alors même que grâce aux avancées de la recherche et de la médecine, nous disposons des connaissances et des outils pour mettre fin à l’épidémie de VIH en tant que menace de santé publique d’ici 2030.
Le constat est alarmant, les progrès réalisés entre 2010 et 2015 ont été inversés depuis 2015 :
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Les décès liés au sida ont augmenté de 25 % entre 2015 et 2019
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141 décès liés au sida ont été enregistrés à Maurice en 2020
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Hausse de 16 % des nouvelles infections par le VIH entre 2015 et 2019
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L’épidémie se généralise : près de deux tiers des nouvelles infections en 2020 concernent des personnes hétérosexuelles
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Le nombre de nouveaux cas détectés chez les jeunes de 15 à 24 ans, reprend la pente ascendante, passant de 15 % en 2018 à 18 % en 2020.
De nombreux facteurs favorisent la progression du VIH, dont : un niveau élevé de stigmatisation et de discrimination en particulier à l’encontre des populations les plus exposées au VIH ; le manque d’accessibilité aux services de prévention, de traitement, de soins et de soutien ; la précarité ; et les lois répressives en matière de consommation de drogues.
Pourtant, aujourd’hui grâce à la trithérapie, une personne séropositive sous traitement, avec une charge virale indétectable, ne transmet plus le virus et peut avoir une bonne qualité
de vie.
La cascade de soins du VIH à Maurice
Les données montrent que les progrès réalisés pour atteindre les objectifs 95-95-95 d’ici 20301 sont faibles. Sur les 14 000 personnes estimées vivant avec le VIH, environ 46 % [39-54] connaissent leur statut sérologique. Parmi elles, 21 % [18-25] ont accès au traitement antirétroviral (ARV) et 15 % [13-18] d’entre elles ont une charge virale supprimée (UNAIDS Spectrum, 2020). En 2021, parmi les 4 311 personnes initiées au traitement ARV, seules 3 088 y adhéraient et de celles-là, 1 869 avaient une charge virale indétectable (statistiques obtenus auprès du ministère de la Santé).
Du diagnostic au traitement, des lacunes à combler
Le dépistage est la première étape du parcours de soins. Une fois le diagnostic posé, une mise sous traitement précoce est recommandée. Malheureusement, la mise sous traitement le jour même d’un diagnostic positif via dépistage rapide n’est pas possible.
« Il y a un décalage entre le nombre de personnes dépistées et le nombre de personnes dans la file active2, comme le montre la cascade du VIH. Le problème majeur est d’ordre structurel car l’initiation au TAR le jour même n’est pas possible parce qu’après un test individuel positif au VIH via un test rapide, des échantillons sont prélevés et envoyés au Laboratoire central pour confirmation. La confirmation des résultats prend entre deux semaines et un mois. Durant cet intervalle, un nombre important de personnes ne reçoivent jamais leurs résultats3, donnant lieu à un nombre important de perdu·e·s de vue. » (Extrait des consultations communautaires menées dans le cadre du projet RIPOSTE, mis en œuvre par PILS)
La dispensation et le suivi des traitements, disponibles uniquement dans les cinq hôpitaux régionaux de l’île Maurice, restent un défi majeur. Ce qui freine l’accès aux services :
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l’éloignement des centres de santé où les ARV sont dispensés du domicile des personnes vivant avec le VIH,
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le manque d’infrastructures appropriées,
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l’impossibilité de bénéficier d’ARV sur une durée de plus de deux mois,
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le fort taux de stigmatisation associé à la fréquentation des centres de santé dédiés (DCCI), peu importe le statut sérologique.
En raison de ces obstacles, certaines personnes sont perdues de vue à chaque étape du parcours de soins. Ces lacunes durant ce cheminement dans les systèmes de santé doivent être reconnues afin que des interventions ciblées et des programmes puissent être élaborés pour les surmonter et ainsi s’assurer que les personnes vivant avec le VIH puissent atteindre le but ultime de la suppression virale.
Il est primordial de s’attaquer aux lacunes de la cascade avec une approche globale qui inclut :
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la prévention (préservatifs, prophylaxie pré-exposition ou PrEP, traitement post-exposition ou PEP, dépistage, les programmes de réduction des risques),
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le traitement (TasP, traitement comme prévention), et
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les efforts pour créer un environnement favorable à la prise en charge dans le respect des droits humains peuvent contribuer à une baisse des décès liés au sida et des nouvelles infections causées par le VIH.
La stigmatisation en milieu hospitalier,
un obstacle majeur à l’amélioration de la qualité de soins
Si la stigmatisation et la discrimination liées au VIH à Maurice sont en baisse, il n’en demeure pas moins que le niveau de confiance des personnes vivant avec le VIH est relativement faible envers les institutions médicales. C’est une barrière à la prise en charge. Le rapport d’enquête sur l’indice de stigmatisation de 20184 a révélé que 10,4 % des répondant·e·s ont déclaré s’être vu·e·s refuser l’accès aux services de santé en raison de leur statut VIH (comparativement à 28 % en 2013) et que 16,1 % ont déclaré que les travailleur·se·s de santé avaient divulgué leur séropositivité sans leur consentement (contre 26,8 % en 2013). De plus, 41,7 % des répondant·e·s ont évité de se rendre à l’hôpital pour se faire soigner en raison de leur statut sérologique, et 30,4 % craignaient de recevoir un mauvais traitement par les pourvoyeur·se·s de soins à cause de leur statut sérologique. La discrimination à l’égard de la population LGBTI est également préoccupante.
Des progrès trop lents
Grâce au plaidoyer mené par PILS depuis 25 ans, des progrès ont été accomplis tels que l’introduction des traitements ARV gratuitement et des programmes de réduction des risques, la diversification des outils de prévention, le dépistage démédicalisé et l’amélioration de la prise en charge. Cependant, alors que la pandémie de Covid-19 fragilise les systèmes de santé et déplace les priorités en termes d’engagement sanitaire, politique et financier, il est important de rester vigilant·e et de ne pas tenir pour acquis les progrès réalisés ces dernières années. Une volonté politique ainsi qu’un engagement et une collaboration multisectoriels et à tous les niveaux sont nécessaires pour accélérer la riposte contre et en finir avec l’épidémie de VIH.
– FIN –
À propos de PILS : Fondée en 1996, PILS est une association de lutte contre le sida. Notre mission première d’être une structure de soutien aux personnes vivant avec le VIH à Maurice a évolué pour inclure également celle de représenter, mobiliser et renforcer les ONG et les communautés vulnérables de Maurice pour qu’elles militent, à travers le plaidoyer, pour un engagement politique, pour améliorer la réponse nationale au VIH et aux hépatites virales dans un environnement favorable au niveau national, régional et mondial, et pour mettre fin à la stigmatisation et aux discriminations des personnes infectées, affectées ou vulnérables au VIH et aux hépatites virales.
Contact presse : Rachèle Bhoyroo
