Nouveau conseil d’administration de PILS

 

À l’issue de son Assemblée Générale tenue le 27 mars 2025, PILS s’est dotée d’un nouveau conseil d’administration. Nadia Peerun a été reconduite à la présidence, fonction qu’elle occupait déjà l’année dernière. La vice-présidence sera assurée par Nilen Vencadasamy. Émilie Trousselier Seepursaund a été nommée trésorière, Rachele Bhoyroo Sauvage assistante-trésorière, Helena Lutchman-Rabot secrétaire, et Anouchka Saddul assistante-secrétaire. Les autres membres élus sont : Vijay Ramanjooloo, Dhiren Moher et Thierry Runga. Ce conseil d’administration sera en fonction pour un an, jusqu’à la prochaine Assemblée Générale.

Nadia Peerun reconduite à la présidence et entame sa deuxième année à la tête de PILS.

« Je continue de soutenir PILS en siégeant au conseil d’administration, car je crois fermement en la capacité et au rôle des ONG à transformer la société pour garantir que les personnes les plus vulnérables soient protégées et soutenues. Je crois aussi au droit de chacun·e de vivre sa vie comme il ou elle l’entend, sans subir le jugement des autres », déclare-t-elle.

Son engagement remonte à 18 ans : d’abord en tant que membre du staff de PILS pendant sept ans, puis comme consultante en VIH depuis dix ans. Elle fournit une assistance technique aux pays pour la planification stratégique, la gestion et l’évaluation des programmes, ainsi que dans le suivi communautaire et le renforcement des capacités des ONG. « Je suis également coach de vie et j’accompagne les personnes lors des changements difficiles dans leur vie », précise-t-elle.

Nilen Vencadasmy, vice-président

Avocat de profession, Nilen Vencadasmy est Managing Partner de Juridis Law Firm, un cabinet spécialisé en droit commercial et des affaires. Engagé de longue date en faveur des droits humains, il a déjà été président de PILS, contribuant à renforcer l’approche juridique de la lutte contre le VIH à Maurice. Son retour au sein du conseil d’administration témoigne de son profond attachement à la mission de PILS.

Émilie Trousselier Seepursaund, trésorière

Membre du Conseil d’administration de PILS depuis 20 ans, Émilie Trousselier Seepursaund est consultante indépendante en structuration associative et santé communautaire. Après quatre ans au département CSR de Rogers, elle a rejoint PILS en 2012, d’abord en tant que Fundraiser, puis Grant Manager. Depuis 2018, elle accompagne diverses structures dans la rédaction de projets, la structuration et l’évaluation. Elle a également été membre du comité international de Sidaction de 2017 à 2024.

Rachele Boyroo Sauvage, assistante-trésorière

Confrontée aux « limites du système » lorsqu’elle se rend dans un centre de santé pour un dépistage en 2008, Rachel Boyroo Sauvage décide de s’engager pour le changement. Dans un premier temps, elle mène des actions de bénévolat auprès d’ONG après avoir été sensibilisée aux questions liées aux drogues et aux politiques répressives. En 2013, elle réalise une recherche avec le soutien du Collectif Urgence Toxida (CUT) pour sa dissertation et participe à la première campagne Support. Don’t Punish. Quelques années plus tard, elle rejoint le Conseil d’administration de CUT.

Après plusieurs années passées dans la presse, elle intègre le secteur associatif à plein temps en tant que chargée de communication, d’abord chez CUT puis chez PILS. Titulaire d’un Master en communication et relations publiques, elle poursuit aujourd’hui son engagement en mettant son expérience au service des ONG pour promouvoir les droits, la santé et la résilience des populations en situation de vulnérabilité à Maurice.

Helena Lutchman-Rabot, secrétaire

Helena Lutchman-Rabot revient au conseil d’administration après y avoir déjà siégé de 2019 à 2022. « Depuis 2016, mon engagement auprès de PILS m’a fait évoluer à différents niveaux : volontaire, chargée de communication, puis membre du conseil », explique-t-elle. Titulaire d’un Postgraduate Diploma in HIV/AIDS Management de la Stellenbosch University, elle est particulièrement investie dans l’éducation thérapeutique et la réduction des risques.

Anouchka Saddul, assistante-secrétaire

Anouchka Saddul a été impliquée dans l’élaboration d’une réponse multisectorielle au VIH au sein du National AIDS Secretariat. Elle a également participé à la mobilisation et à la mise en œuvre de la subvention du Fonds mondial et du Mécanisme de coordination nationale. Depuis huit ans, elle est Head of Corporate Affairs, Brand & Marketing dans le secteur bancaire, et membre du Mauritius Institute of Directors et de The Board of Good.

Vijay Ramanjooloo, membre

Psychologue clinicien diplômé de l’Université Denis Diderot (Paris), Vijay Ramanjooloo cumule plus de 20 ans d’expérience dans le VIH/sida et le milieu carcéral. Ancien Commissaire à la Commission nationale des droits de l’Homme et membre du sous-comité des Nations Unies contre la torture, il a enseigné, formé et publié dans des domaines variés comme la biologie, les neurosciences, l’éthologie ou la psychanalyse. En 2022, il a rédigé un article pour l’inauguration de l’Intercontinental Slavery Museum : *« La question de la transmission des traumatismes psychiques de l’esclavage sur la psychologie des populations ». *

Dhiren Moher, membre

Activiste et personne vivant avec le VIH, Dhiren Moher reste un visage emblématique de la lutte contre le sida à Maurice et dans l’Océan Indien. « J’ai rejoint la lutte parce que je crois en un monde où personne n’a à vivre dans la peur ou l’isolement à cause du VIH. Chaque vie compte, chaque voix peut faire la différence. L’espoir, c’est agir », affirme-t-il.

Thierry Runga, membre

Après avoir travaillé dans la réhabilitation et la réinsertion de personnes souffrant de dépendances, Thierry Runga s’engage auprès de PILS en 2005 en tant que volontaire « ActHIVIst », contribuant à la relance du service Sida Info. Membre actif du conseil d’administration depuis 2022, il a occupé les postes de trésorier et d’assistant-trésorier. Aujourd’hui, il est consultant en santé, sécurité et environnement.

Communiqué de Presse: Etude de PILS sur la stigmatisation

La stigmatisation, un mal qui freine la lutte contre le VIH

Le rapport qu’a lancé PILS le vendredi 21 mars mesure le niveau de stigmatisation et de discrimination qui affecte encore les personnes vivant avec le VIH à Maurice. Si la situation s’est sensiblement améliorée, l’enquête indique que la stigmatisation reste l’une des principales barrières auxquelles la lutte contre le VIH est confrontée. Le rapport a été réalisé à travers une série d’interviews menées à Maurice et à Rodrigues par des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) auprès de leurs pairs, selon une méthodologie validée à l’international. Le People Living With HIV Stigma Index est un outil scientifique qui identifie les failles et indique les domaines où des interventions sont nécessaires. De la famille aux centres de santé, en passant par le monde professionnel et éducatif, les impacts sont conséquents, affectant les droits, la vie, ainsi que la santé physique et mentale des personnes concernées.

78% des PVVIH, ont peur de parler de leur statut sérologique, même à leurs proches. 10 % des répondants ont signalé des incidents de violence physique. 18 % disent avoir fait l’objet de rumeurs liées à leur statut. Les violences verbales ont touché 16 % des répondants. 5 % ont été socialement exclus et 8 % ont été rejetés par leur famille. 36 % ont subi des remarques discriminatoires et 19 % ont vécu la stigmatisation sur leur lieu de travail. 12 % ont été privés de soins dans les centres de santé en raison de leur statut sérologique. Cet environnement peu inclusif provoque chez certains de l’auto-stigmatisation et divers troubles. 22 % ont perdu confiance en eux-mêmes et 37 % ont plus de mal à gérer leur stress. Tels sont quelques-uns des éléments qui ressortent de ce document de plus de 80 pages.

 

 

 

 

 

 

 

Pour Monica Pudaruth, responsable du suivi, de l’évaluation, de la recherche et de la capitalisation chez PILS : « En 2025, malgré les progrès réalisés en matière de traitement et de prévention du VIH, la méfiance et la peur envers les personnes vivant avec le virus demeurent ancrées dans la société. Beaucoup continuent d’éviter tout contact avec une personne séropositive, craignant à tort une transmission. Ces idées reçues contribuent à entretenir la stigmatisation et la discrimination. ».

Depuis 1983, date à laquelle l’épidémie a été identifiée, jusqu’à aujourd’hui, ces entraves persistent encore malgré les nombreuses avancées dans la compréhension du virus, dans la prévention et dans la prise en charge des malades.

« La stigmatisation ne rend pas seulement plus difficile pour les personnes d’accepter leur statut VIH et de gérer leur maladie sur le plan personnel, mais elle entrave également les efforts visant à lutter contre l’épidémie dans son ensemble. La stigmatisation et la discrimination liées au VIH et au sida peuvent entraîner un rejet par la famille, les pairs et le milieu professionnel, conduisant à l’exclusion économique et sociale ; un mauvais traitement dans les établissements de santé et d’éducation ; une érosion des droits ; des répercussions psychologiques ; et peuvent avoir un impact négatif sur l’accès au dépistage et aux traitements disponibles à Maurice », indique le rapport, fruit d’un travail minutieux mené sur le terrain pendant plusieurs mois.

L’étude révèle une diminution de la stigmatisation externe. Cependant, cette avancée reste fragile, car près de 80 % des personnes vivant avec le VIH hésitent à révéler leur statut, de peur qu’il ne soit connu des autres (famille, amis, proches, société) et qu’elles soient rejetées. « Par crainte de discrimination, elles préfèrent cacher leur séropositivité, y compris auprès des professionnels de santé, ce qui peut compromettre leur prise en charge médicale », ajoute Monica Pudaruth.

L’étude souligne qu’environ 50 % des personnes vivant avec le VIH retardent le début de leur traitement, redoutant que leur statut ne soit connu des autres. Face à cette réalité, il est essentiel et urgent de renforcer l’éducation du public sur les avancées en matière de prévention et de traitement du VIH. « Lutter contre les idées fausses permettra non seulement de réduire la méfiance et la stigmatisation, y compris interne, mais aussi d’aider le pays à mieux gérer l’épidémie du VIH et à atteindre les objectifs fixés par l’ONUSIDA pour stopper l’épidémie », explique Monica Pudaruth.

Au niveau des recommandations, la stratégie proposée met l’accent sur la sensibilisation juridique, l’accès aux soins de santé et l’inclusion sociale. Des interventions adaptées, à travers la sensibilisation des médias et auprès des populations clés, des femmes et des jeunes, sont recommandées. Un engagement important est également attendu de la part des instances gouvernementales, où des barrières persistent encore.

En guise de conclusion, le rapport écrit : « Mettre fin à la stigmatisation nécessite éducation, compassion et un effort collectif pour respecter la dignité de toutes les personnes, y compris celles vivant avec le VIH. En déconstruisant les mythes entourant le VIH, nous pouvons favoriser un environnement plus solidaire, où chacun a un accès équitable aux soins et la possibilité de vivre sans peur ni honte. »

Nicolas Ritter : « Sortez les rapports des tiroirs »

« Maurice était l’exemple à suivre dans l’Océan Indien et en Afrique. Des experts venaient d’ailleurs pour observer notre approche. Aujourd’hui, nous sommes devenus l’un des pires exemples », déclare Nicolas Ritter, de Coalition Plus, en évoquant la situation du VIH à Maurice. Une dégradation due aux mauvaises décisions politiques prises ces dernières années, qui ont lourdement impacté la lutte contre l’épidémie.

Avec près d’une centaine de décès par an, environ 400 nouveaux cas dépistés, des lois et règlements discriminant les PVVIH étrangers et un niveau de stigmatisation qui perdure, il ajoute : « Tout cela me met en colère. » Ces propos ont été tenus lors du lancement du rapport, vendredi.

Son agacement concerne particulièrement le fait que ces rapports restent lettre morte, alors que leurs recommandations offrent des solutions concrètes aux dysfonctionnements observés. D’où son appel à prendre en considération les conclusions du document et à en appliquer les recommandations.

Nicolas Ritter a également plaidé pour la fin de la discrimination envers les étrangers souhaitant étudier, travailler ou vivre à Maurice, mais qui sont rejetés en raison de leur statut sérologique positif.

Contacte presse: Jacques Achille – Communication Strategic Manager

 

Du 18 au 24 novembre: PILS sur la route pour une semaine de dépistage

Communiqué de presse

De Rose-Hill à Grand Gaube, en passant par Roche Bois, Trou d’Eau Douce, Grand Baie, Baie du Cap et Flacq, l’ONG Prévention Information Lutte contre le SIDA (PILS) sera sur les routes du 18 au 24 novembre. L’édition 2024 de la Semaine Internationale de Dépistage (SID) offrira au grand public la possibilité d’accéder gratuitement aux tests de dépistage du VIH, de la syphilis et de l’hépatite C. Des animations musicales, des séances de sensibilisation, des conseils, ainsi que la distribution de matériel de prévention seront également au programme dans les différentes localités visitées.

Pour la cinquième année consécutive, PILS descend sur le terrain pour proposer des services de dépistage et de sensibilisation dans plusieurs régions du pays. Sept localités seront couvertes par cette activité, qui sera lancée le 18 novembre à la Place Margéot à Rose-Hill à 10h. La journée sera rythmée par des animations musicales, tandis que des tests de dépistage pour le VIH, la syphilis et l’hépatite C seront disponibles sur place. Des jeux, des discussions sur la santé sexuelle, ainsi que la distribution de matériel d’information et de prévention sont également prévus. En plus des activités à la gare de Rose-Hill, des unités mobiles circuleront dans la ville pour offrir les mêmes services.

La SID se poursuivra à Roche-Bois le 19 novembre au siège du MPRB, de 17h à 20h30. Le 20 novembre, les équipes de PILS seront au Village Hall de Trou d’Eau Douce de 16h à 20h. Elles se déplaceront ensuite au parking de Cœur de Ville à Grand-Baie le 22 novembre, où elles seront présentes de 14h à 20h30. Le samedi 23 novembre, PILS sera simultanément à la gare routière de Flacq, de 10h à 17h, et sur la plage de Baie du Cap, de 11h à 17h. Dans le sud, des organisations locales, telles que DRIP, Makondé, Active Mauritus et l’Anbalaba Social Community, se sont associées pour organiser une journée dédiée à la santé. En collaboration avec le ministère de la Santé, un don de sang sera organisé, ainsi qu’un dépistage du diabète, avec le soutien de l’APSA. À Flacq et sur différents sites l’organisation Kinouété appuiera la mobilisation et déploiera son personnel sur le terrain. La tournée de PILS se clôturera sur le terrain de football de Grand-Gaube le 24 novembre, lors d’un rassemblement prévu de 10h à 17h. A souligner que dans ses régions PILS bénéficie du soutien des forces vives et des autorités locales.

Organisée par Coalition Plus, une coalition internationale d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales, la SID se déroulera dans une cinquantaine de pays. À Maurice, PILS et le Collectif Arc-en-Ciel (CAEC) participent à ce mouvement, considéré comme la plus vaste opération de dépistage du VIH et des IST au niveau mondial.

« Lancée en 2020 en réponse à la suspension des campagnes de dépistage pendant la pandémie de Covid-19, cette opération est aujourd’hui un modèle éprouvé en matière de lutte contre le VIH. Nous sommes passés de 20 000 tests en cinq jours à 73 931 tests, marquant une augmentation de 208,5% en l’espace de quatre éditions », explique Nicolas Ritter, coordinateur interne de l’événement. Le lancement officiel de l’édition 2024 aura lieu au Caire, en Égypte, en partenariat avec l’association locale Al Shehab.

À Maurice, cette mobilisation est soutenue par le ministère de la Santé, ainsi que par des partenaires du secteur privé tels que la MCB, Rent a Sign, Flowerad, et Alliance Media, entre autres. Comme l’année dernière, la MCB accompagnera les différentes organisations engagées dans la SID à Maurice, à Rodrigues, aux Seychelles et à Madagascar. Un plaidoyer commun, appelant à la reconnaissance du travail des acteurs de terrain, émanera de la région incluant aussi les Comores.

 

Vanessa de Spéville (MCB) : « Le dépistage précoce est essentiel »

« Grâce aux grands progrès dans le domaine de la médecine et des outils efficaces, les personnes séropositives peuvent vivre dignement, et les nouvelles contaminations peuvent être réduites de façon conséquente », déclare Vanessa de Spéville, Head of Sustainability, Reputation and Engagement du Groupe MCB. « C’est pourquoi le dépistage précoce est essentiel. C’est dans cette optique que nous soutenons, comme l’année dernière la campagne de dépistage menée par PILS, un acteur de premier plan dans la prévention des maladies sexuellement transmissibles. La MCB est fière d’être associée à cette campagne et de contribuer à la sensibilisation, non seulement des Mauriciens et des Rodriguais, mais également des habitants des pays de la région tels que les Seychelles et Madagascar, pour lutter ensemble contre le VIH dans la région de l’océan Indien. »

 

Se faire dépister pour se protéger

Le test de dépistage est simple et rapide, ne nécessitant qu’un échantillon de sang prélevé par une piqûre au doigt. Il est toutefois accompagné de sessions de pré et de post-conseil pour informer la personne sur les procédures et les infections. Ceux dont le résultat est positif seront pris en charge par les professionnels de PILS et encouragés à entamer un traitement. Pour rappel, une personne vivant avec le VIH qui suit correctement son traitement peut vivre une vie normale sans développer de complications de santé. Le taux de virus dans son sang peut diminuer au point de devenir indétectable, empêchant ainsi toute transmission du VIH.

À Maurice, une augmentation des infections au VIH et aux autres infections sexuellement transmissibles est observée chez les hétérosexuels depuis quelques années. Comme dans de nombreux pays, le virus circule principalement au sein de la population générale. En ce moment, il est estimé que 14 000 Mauriciens vivent avec le VIH. Annuellement, 400 nouveaux cas sont dépistés mais plusieurs personnes vivent avec le virus sans le savoir. D’où la nécessité d’un test en cas de prise de risque.

Contact Presse : Jacques Achille – Responsable Communications stratégiques – j.achille@pils.mu │ M : 5 252 81 40

Colloque à Madagascar, VIH et IST : L’Océan Indien face à une remontée

Il y a certes eu des avancées, mais depuis quelques années, une reprise des infections au VIH et des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) est observée au sein des îles de l’Océan Indien. Ensemble, les experts de la région étudient la situation pour tenter d’y apporter des réponses en considérant les nouvelles méthodes et moyens disponibles. Ils sont réunis à Tana, Madagascar, du 22 au 24 octobre, dans le cadre de la vingtième édition du Colloque VIH Océan Indien, qui a pour thème : « Le VIH dans l’océan Indien : résilience, collaboration régionale et innovation dans la lutte. »

Les représentants de Maurice, Rodrigues, Seychelles, Madagascar et La Réunion, qui ont présenté les situations et tendances épidémiologiques, arrivent au même constat. La région a connu des avancées significatives dans la lutte et dans la prise en charge des patients. Mais les courbes qui étaient descendantes tendent désormais à remonter, indiquant une hausse des nouveaux cas de VIH et d’IST dans leurs pays respectifs.

À Maurice, la tendance se confirme, avec 274 nouveaux cas de VIH enregistrés de janvier à juin 2024. En 2023, 61,3 % des infections étaient liées à des rapports sexuels non protégés chez les hétérosexuels. Par ailleurs, 28,3 % des infections provenaient du partage de seringues. À Rodrigues, où l’on enregistre 10 à 15 nouveaux cas par an, 59 % des infections sont d’origine sexuelle. À La Réunion, ce chiffre s’élève à 74 %. Les Seychelles et Madagascar font des observations similaires.

La résilience, la collaboration régionale et les innovations doivent permettre à la région d’avancer d’un pas commun pour renverser la tendance et atteindre les objectifs fixés pour 2030 afin de mettre fin à l’épidémie. Cependant, la majorité des pays restent loin du compte, car plusieurs personnes infectées ne sont toujours pas dépistées. De plus, parmi celles qui le sont, beaucoup n’intègrent pas les systèmes de santé, et d’autres ne suivent pas leur traitement correctement.

Ces sujets seront discutés lors du colloque qui réunit des scientifiques, des politiciens, des organisations civiles de la région dont PILS, CUT et AILES, pour Maurice. Leurs représentants feront aussi des présentations pour parler de la situation et contribuer à la réponse.

Mauvaises politiques et stupidité

« Les mauvaises politiques et la stupidité tuent plus que le VIH. Le VIH n’est pas uniquement une question de santé, c’est avant tout un enjeu de développement », déclare le Dr Jude Padayachy, directeur pays de l’ONUSIDA pour les îles de la région. Pour le Dr Catherine Gaud, initiatrice du colloque et de la coopération régionale dans la lutte : « Beaucoup a été fait, mais il reste encore beaucoup à faire. Il y a encore des femmes enceintes dans la région qui donnent naissance à des enfants positifs. Certaines zones et certains enfants n’ont toujours pas accès au traitement. Il existe aussi un grave problème d’addiction qu’il faut aborder pour réduire les risques. »

Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, souligne : « On observe dans la région un retour des nouvelles infections au sein de la population générale. Il faut reprendre le dessus, sinon la situation nous échappera. En plus de la prévention, du dépistage et du traitement, nous devons investir davantage dans la lutte contre le VIH et dans les systèmes de santé. » L’appel au soutien financier des bailleurs a été largement relayé lors de l’ouverture du colloque à Ivato.

Mialy Rajoelina, Première Dame de Madagascar l’a également mentionné dans son discours : « Le VIH n’est pas un sujet honteux. Nos cultures sont souvent des barrières à la lutte. Il faut adopter un esprit ouvert pour en parler, y compris dans les écoles. Sinon, cela alimentera la peur et la stigmatisation. »

La discrimination est encore une source de souffrance importante, comme l’a rappelé Isabelle Marie, représentante des personnes vivant avec le VIH dans la région et présidente du regroupement Ravanne+, qui célèbre ses 10 ans cette année : « Il faut rester vigilant sur la question des droits humains et lutter contre les tabous ainsi que la discrimination qui perdurent envers les PVVIH (personnes vivant avec le VIH) et les populations les plus exposées. » Elle a aussi rappelé la contribution des personnes infectées dans la région, qui a permis de créer une réponse plus efficace au fil des années. D’où son appel pour que les PVVIH soient systématiquement incluses dans les décisions : « Rien pour nous sans nous. »

Les injections préventives de longue durée et des systèmes de prise en charge plus efficaces sont des moyens que la région peut envisager pour renforcer son arsenal. Cependant, il faudra être ambitieux, faire preuve de leadership fort et afficher une volonté réelle de progrès. L’appel est lancé collectivement et résumé par les propos du Dr Catherine Gaud : « Tant que nous ne serons pas satisfaits, il ne faudra pas s’arrêter. Nous avons le devoir de mettre en place une aide régionale parce que nous nous connaissons et nous nous comprenons. »

Légendes :

– Mialy Rajoelina, Première Dame de Madagascar à l’écoute des représentants des PVVIH

– Ce vingtième Colloque réunit des experts de la région

Contact Presse : Jacques Achille – Responsable Communications stratégiques – j.achille@pils.mu │ M : 5 252 81 40

« Le VIH dans l’océan Indien : résilience, collaboration régionale et innovation dans la lutte.»

 

Du 22 au 24 octobre Madagascar accueille le 20ᵉ Colloque VIH Océan Indien

Pour la 20ᵉ fois, les principaux acteurs de la lutte contre le VIH dans l’océan Indien se réuniront pour discuter de la situation et des défis. Cette année, c’est Madagascar qui accueille le 20ᵉ Colloque VIH Océan Indien. Maurice y sera représenté par une délégation composée de membres des institutions et de la société civile, notamment des délégués de Prévention Information et Lutte contre le SIDA (PILS) et du Collectif Urgence Toxida (CUT).

« Le VIH dans l’océan Indien : résilience, collaboration régionale et innovation dans la lutte.»

C’est le thème autour duquel se tiendront les discussions au CCI Ivato à Antananarivo du 22 au 24 octobre. Professionnels de la santé, décideurs politiques, membres de la société civile engagés, représentants des populations clés se réuniront pour faire un état des lieux afin de déterminer comment continuer la route ensemble.
Les participants sont attendus de Maurice, de Rodrigues, de Madagascar, des Comores, des Maldives, de La Réunion et des Seychelles. Selon les organisateurs : « Le Colloque promet d’aborder des sujets cruciaux et de stimuler des discussions enrichissantes. Ce sera un temps fort de partage et de plaidoyer, visant à aborder les défis actuels et à explorer de nouvelles perspectives pour améliorer et faire évoluer la réponse nationale multisectorielle au VIH/Sida. »

L’une des expériences qui seront partagées est celle de PILS à travers le Centre Banian. Installé à la Rue St Georges de Port-Louis, ce premier centre de santé sexuelle est cogéré par le ministère de la Santé et l’ONG. Il propose le dépistage, l’encadre médical, social et psychologique et d’autres formes d’accompagnement au public. Un projet qui pourrait inspirer la région pour la décentralisation des services vers la communauté.

Ce 20ᵉ Colloque sera dans la continuité de celui tenu aux Seychelles l’année dernière. À Beau-Vallon en 2023, le sexe sous drogue, les nouvelles drogues et leurs dangers, la situation touchant au VIH, aux infections sexuellement transmissibles (IST), et à la santé sexuelle avaient été placés au centre des discussions. Les jeunes, les avancées dans la prise en charge et d’autres sujets avaient aussi fait l’objet d’une réflexion commune. La région espérait ainsi mieux orienter et coordonner ses actions pour améliorer une situation qui suscite toujours des inquiétudes.

En 2024, les défis restent importants pour la région, tandis qu’une hausse des nouvelles infections à VIH et des infections sexuellement transmissibles est observée. Une baisse dans la prévention et la dissémination d’informations a contribué à cette situation, d’où la nécessité de relancer les efforts de manière coordonnée. La prise en charge des patients, ainsi que les nouvelles méthodes de prévention et d’encadrement, seront aussi présentées par les pays participants.

Ce partage d’expériences demeure l’un des principes du Colloque VIH Océan Indien. La mise en commun a permis à la région de progresser dans la lutte, tout en offrant une plateforme commune aux pays participants. Accueilli par Maurice à plusieurs reprises dans le passé, ce colloque a permis à différentes voix de se faire entendre.

Légendes :

Le Centre Banian géré par PILS et le ministère de la Santé sera présenté à la région.

Annette Ebsen Treebhoobun, directrice exécutive de PILS, s’adresse aux invités lors de la journée portes ouvertes organisée par l’association pour lancer ses campagnes de street marketing et de santé sexuelle, au centre Nou Vi La/ Centre Banian le 4 septembre.

Le colloque de Madagascar fait suite à la rencontre tenue aux Seychelles en 2023.

 

Contact Presse : Jacques Achille – Responsable Communications stratégiques – j.achille@pils.mu │ M : 5 252 81 40

PILS retrace son histoire et se mobilise pour la santé sexuelle

 

Port-Louis, 4 septembre 2024 – Il y a 30 ans, rappelle Nicolas Ritter, « il n’était pas évident d’aller faire un test de dépistage » à l’unique centre prévu à cet effet, situé non loin du cimetière à Cassis. Son test s’était révélé positif au VIH, et bien qu’il eût eu la possibilité de suivre son traitement à La Réunion, il avait choisi de rentrer à Maurice, convaincu qu’il y avait un combat à mener sur place. C’est ainsi que PILS a été créée pour soutenir les personnes infectées et affectées par le VIH, tout en s’engageant dans la prévention, le plaidoyer et d’autres actions avec des partenaires à Maurice et dans plusieurs autres parties du monde.

Mercredi 4 septembre, dans la cour de Nou Vi La / Centre Banian à Port-Louis, la centaine de t-shirts accumulés en trois décennies ont rappelé les différents combats, messages et missions auxquels Nicolas Ritter a pris part. Suspendus à des fils dans la cour, ces t-shirts, exposés, racontaient chacun un fragment d’histoire illustrant à quel point la lutte contre le VIH et les sujets associés ont demandé des efforts colossaux et des ressources considérables pour avancer. Cela afin de veiller aux droits de chacune et chacun afin que toutes et tous puissent jouir d’une bonne santé et d’une qualité de vie. 

C’est ce message que PILS a voulu transmettre à ses partenaires invités·es lors de sa journée portes ouvertes à la rue St Georges, à Port-Louis. Cet événement a également été l’occasion pour l’association d’exposer les différents services qu’elle propose.

Tabous, interdits, jugements, non-dits

L’un des points forts de cet événement a été le témoignage de Nicolas Ritter qui, en plus de retracer son parcours exceptionnel, a rappelé les grands défis qui persistent dans la lutte. Dans son intervention, Jean-Daniel Wong, vice-président du conseil d’administration de PILS, a souligné : « L’un des principaux mérites de PILS a été le changement qu’elle a initié pour faire progresser la lutte contre le VIH et les sujets directement ou indirectement associés. Nous ne nous sommes pas simplement battus contre un virus ; nous avons surtout dû, et continuons d’affronter une mentalité stigmatisante, des tabous, des interdits, des jugements, des non-dits, de l’indifférence, et toute une panoplie de dysfonctionnements pour faire progresser la cause. » 

Annette Ebsen Treebhoobun, directrice exécutive de PILS, a précisé que malgré les avancées, « les obstacles restent considérables ». Et de poursuivre :« La stigmatisation et la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH persistent, tout comme celles envers les populations plus exposées aux risques, y compris les personnes sans domicile fixe. Nous constatons chaque jour que les écarts sociaux et économiques se creusent davantage. L’exclusion est un problème national et pour y faire face, il est nécessaire que tous les secteurs coordonnent leurs efforts et mobilisent leurs ressources pour ne laisser personne derrière. Ceux qui sont exclus peinent à accéder aux services de base et élémentaires, ce qui impacte directement leur santé et leur capacité à jouir pleinement de leur statut de citoyen. » Les intervenants ont rappelé que près de 400 nouveaux cas de VIH sont enregistrés chaque année, de même qu’une centaine de décès. Pourtant, Maurice dispose de tous les moyens nécessaires pour éviter ces situations.

Dialoguer autour de la santé sexuelle

Alors que le monde observait la journée mondiale de la santé sexuelle, PILS a dévoilé le logo et la tagline « Sexe : Santé, Plaisir, Liberté », qui accompagneront sa campagne autour de ce thème. Annette Ebsen Treebhoobun a précisé que : « Malgré les avancées économiques de Maurice, la santé sexuelle reste un sujet culturellement et politiquement difficile à aborder, souvent accompagné de refus et d’obstacles. C’est un sujet tabou, qui suscite le jugement, la honte et la culpabilité au sein des familles, socialement et professionnellement. Nos recherches et notre expérience de terrain montrent que cela a un impact non seulement sur la santé physique, mais aussi sur la santé mentale. Notre objectif est de créer un environnement propice au dialogue autour de la santé sexuelle, afin d’améliorer l’accès à la prévention et de permettre des choix informés pour réduire les risques. » 

Contact PresseJacques Achille – Responsable Communications stratégiques – j.achille@pils.mu │ M : 5 252 81 40 

 

Santé sexuelle : PILS invite les jeunes à s’exprimer

 

Port-Louis, le 17 juillet 2024 – PILS invite les jeunes de 18 à 25 ans à venir s’exprimer et dialoguer sur leur compréhension et leurs besoins en matière de santé sexuelle. Cet exercice est prévu lors d’un atelier de travail, le 17 août, dont l’objectif sera de mieux répondre aux attentes de cette génération sur des questions essentielles qui touchent à leur présent et à leur avenir.

Pour mieux leur parler de la santé sexuelle, selon une stratégie adaptée à leurs besoins, PILS se met à l’écoute des jeunes. Afin d’arriver à cela, l’ONG tiendra un atelier le 17 août en marge de la journée internationale de la jeunesse, marquée le 12 août. Cette rencontre réunira des jeunes de 18 à 25 ans à provenant de différentes parties du pays et ayant divers profils. Ils seront délégués par différentes instances travaillant avec les jeunes, de même que par des établissements éducatifs, entre autres. Pour veiller à la diversité recherchée, PILS lance aussi un appel aux jeunes souhaitant se faire entendre à s’enregistrer directement.

« Nous avons réfléchi à une formule proactive, dynamique et fun pour encourager les jeunes à parler librement des questions qui sont prioritaires et sur lesquelles nous les entendons à peine. Nous voulons qu’ils s’expriment sur leur compréhension de la santé sexuelle, les sujets et les thèmes qui sont importants à leurs yeux et qu’ils nous disent les besoins afin que leur soit donné l’accès aux informations et aux services qui leur sont nécessaires », explique Elodie Sanasee, Advocacy and Communication Coordinator chez PILS.

À l’écoute

En se mettant à l’écoute des jeunes, PILS veut recueillir des informations qui l’aideront à adapter ses programmes et ses projets aux jeunes. « Nous sommes conscients que les jeunes ont des codes et une manière de faire qui sont propres à eux et à leur génération. Dans notre démarche, nous ne souhaitons rien leur imposer et nous ne prétendons pas pouvoir décider pour eux. Nous voulons, par contre, qu’ils nous disent comment nous devons procéder, en prenant leurs mots et en employant les canaux de discussion qu’ils utilisent. Nous sommes profondément convaincus que les jeunes doivent être en mesure de décider pour eux-mêmes », poursuit Tanvi Ramtohul, chargée de plaidoyer chez PILS.

À souligner que PILS considère la santé sexuelle comme une question essentielle touchant au bien-être de l’humain dans sa globalité. « Ce concept ne considère pas uniquement les maladies ou les difficultés, mais tous les aspects de l’humain. Pour permettre des conversations ouvertes, PILS vient de l’avant avec la tagline : « Sexe : Santé, Plaisir, Liberté », qui reste au centre de ses activités », dit Elodie Sanasee.

Santé sexuelle et bien-être

Une approche qui rejoint celle de l’Organisation mondiale de la Santé. Elle définit la santé sexuelle comme : « un état de bien-être physique, mental et social eu égard à la sexualité, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle s’entend comme une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que comme la possibilité de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence. Pour que la santé sexuelle soit assurée et protégée, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et appliqués ».

S’enregistrer

Les jeunes souhaitant participer à l’atelier sont invités à s’inscrire en faisant un mail à l’adresse suivante : t.ramtohul@pils.mu ou en contactant PILS sur ses pages sur les réseaux sociaux.

Infographie représentant le nombre de nouveaux cas de VIH recensés à l’île Maurice en 2023

Nadia Peerun préside le nouveau conseil d’administration de PILS

 

 

Port-Louis, le 15 avril 2024 – Suivant l’Assemblée générale annuelle de l’association Prévention Information et Lutte contre le SIDA (PILS) tenue le 28 mars, son conseil d’administration pour l’année 2024-2025 est comme suit :

Présidente – Nadia Peerun

Vice-Président – Jean Daniel Wong

Secrétaire – Selvana Mootien

Vice-Secrétaire – Ornella Chellen

Trésorier – Thierry Runga

Vice-Trésorière – Rachele Bhoyroo

Membres – Emilie Trousselier Seepursaund, Vijay Ramanjooloo et Nilen Vencadasmy

Succédant à Thierry Arékion à la présidence, Nadia Peerun dit pouvoir compter sur l’équipe qui l’entoure pour continuer les tâches auxquelles PILS s’est attelée. Pour la nouvelle présidente de l’association : «Notre engagement au sein de PILS est avant tout une responsabilité que nous prenons envers le pays. Nous mobilisons nos efforts pour faire reculer la progression du VIH et espérons contribuer à y mettre fin. Nous avons aussi pour devoir de créer un environnement propice à la dissémination des bonnes informations pour stopper les nouvelles contaminations, combattre les inégalités et la discrimination qui affectent toujours les personnes infectées et affectées. Pour cela, PILS renforce sa collaboration avec ses partenaires au niveau de la société civile et de l’État tout en prônant le dialogue avec les décideurs, les personnes d’influence, dont les partis politiques en cette année de campagne électorale. Sur le terrain, tout comme dans le Centre Banian/Nou Vi La, nos équipes misent sur la proximité pour soutenir nos bénéficiaires et sensibiliser le public en général. En effet, malgré les avancées connues ces dernières années au niveau de la prise en charge, de la prévention, du dépistage, entre autres, les défis restent importants. D’où la nécessité pour PILS de rester vigilante et de savoir se réinventer pour s’adapter tout en préservant les valeurs qui la portent depuis sa création.»

PILS a été créée en 1996 par Nicolas Ritter et ses proches, devenant la principale organisation engagée dans la lutte contre le VIH à Maurice. L’association est aussi active dans la région et dans différents pays à travers les liens tissés au fil des années. Elle est restée constante dans ses actions qui touchent au soutien, à la prévention, au plaidoyer, entre autres.

S’agissant de la présence du VIH à Maurice, de 1987 à 2023, 9 213 cas officiels ont été enregistrés à travers les tests de dépistage. Il est estimé que 14 000 Mauriciens ont été touchés par le virus. Répondant à une question parlementaire en septembre 2023, le ministre de la Santé Kailesh Jugpal avait annoncé que 2 175 personnes étaient mortes des causes liées au VIH à Maurice. Ce, en dépit du traitement qui est dispensé gratuitement. Beaucoup abandonnent les soins, souvent à cause de la stigmatisation qui entoure le VIH. Pour mieux comprendre cette situation, PILS lancera bientôt les résultats d’une étude réalisée sur le niveau de la stigmatisation liée au VIH à Maurice.

Les statistiques compilées par le ministère de la Santé indiquent aussi que le principal mode de contamination localement, depuis 2020, concerne les rapports sexuels non protégés entre personnes hétérosexuelles. De 2006 à 2020, le partage de matériel d’injection entre personnes usagères de drogues était le principal mode de contamination. Ce changement dans le mode de transmission requiert une nouvelle stratégie ciblant les jeunes et le public en général.

Contact presse

Jacques Achille. Directeur Communications stratégiques, PILS | j.achille@pils.mu | m : (+230) 5 252 81 40

Téléchargez le communiqué ici

VIH et droits humains : PILS lance une campagne pour fustiger la discrimination

« Le chemin qui mène à la fin du sida est celui des droits », dit l’ONUSIDA qui marque la journée Zéro Discrimination le 1er mars. À Maurice, Prévention Information et Lutte contre le SIDA (PILS) a lancé une campagne de sensibilisation pour contrer les souffrances provoquées par la stigmatisation et la discrimination. Ce sont aujourd’hui les principaux freins à la lutte contre le VIH et les situations associées. Les atteintes aux droits, les mauvaises langues, le rejet et autres comportements rétrogrades provoquent plus de drames que le VIH. La campagne de PILS comprendra aussi un atelier de travail et de sensibilisation avec les politiciens, les représentants des institutions, entre autres.

« Je ne suis toujours pas libre de vivre comme je le voudrais. C’est-à-dire d’avoir la possibilité d’être moi-même, de pouvoir parler de mon état de santé, d’avoir accès à certains services et d’être à l’aise avec mes collègues, mes amis, et même certains membres de ma famille. Pour ne pas être jugée et critiquée, je suis obligée de garder des aspects de ma vie secrets et cela me pèse. » Pourtant, les choses auraient pu être différentes pour Christelle (prénom fictif), 44 ans. Testée positive au VIH depuis cinq ans, elle explique : « Grâce au traitement et à l’accompagnement dont je bénéficie, ma santé se porte bien et ma charge virale est indétectable. Ce qui me pèse, c’est le regard des autres, les préjugés, la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes qui vivent avec le VIH. »

Pour faire entendre la voix de Christelle et celle des autres personnes infectées et affectées, PILS a lancé une campagne contre la discrimination cette semaine. Visible sur les billboards de FlowerAd, partenaire de cette initiative, et sur les réseaux sociaux, cette action de sensibilisation débouchera sur un atelier de travail de deux jours les 29 février et 1er mars.

À cette occasion, PILS et ses partenaires discuteront avec les représentants des partis politiques, des médias, des institutions gouvernementales, du secteur privé, entre autres, sur ce sujet qui reste l’un des défis majeurs dans la lutte contre le VIH et les situations associées.

Présentes en société, dans le milieu médical aussi bien que dans le domaine privé, la discrimination et la stigmatisation sont parmi les principaux facteurs qui gardent les personnes loin des centres de dépistage et des centres de traitement et d’accompagnement. « Dans le milieu médical, les réactions varient en fonction du personnel. Certains sont professionnels, d’autres ont toujours des réactions discriminantes qui découragent plusieurs patients et qui les mettent dans des situations délicates. Cela indique que la sensibilisation doit être continue », explique encore Christelle.

À septembre 2024, Maurice comptait 9 109 Mauriciens officiellement recensés comme ayant contracté le virus du sida depuis. Ce qui comprend 117 enfants, 6 503 hommes et 2 606 femmes. 2 175 patients sont morts de causes liées au sida de 1987 à 2023. Le nombre de Mauriciens vivant avec le VIH est estimé à quelque 14 000 personnes.

À Maurice, la stigmatisation a accompagné le VIH dès son apparition dans le pays en 1987. La première patiente testée positive avait provoqué une vague de protestations dans l’hôpital où elle avait été admise pour des soins. Malgré les avancées dans la connaissance du virus, dans la prise en charge et les soins, la situation n’a pas toujours évolué. L’indignation soulevée par Malini quand elle avait parlé de son statut sérologique en public, en 2004, avait indiqué la mentalité qui persistait. Chassée de chez elle et rejetée parce qu’elle avait voulu contribuer à la lutte en prenant la parole ouvertement, elle est décédée le cœur brisé quelque six mois après. « Jusqu’aujourd’hui, il est difficile de dire à son entourage que l’on vit avec le VIH. Parce qu’ils sont mal informés et qu’ils ont des idées préconçues les gens ont tendance à juger, critiquer et condamner sans comprendre qui nous sommes et ce que nous vivons. Finalement, ce sont eux qui causent plus de torts », poursuit Christelle.

Marquée le 1er mars, la journée Zéro Discrimination est une initiative de l’ONUSIDA qui a retenu le thème : « Protéger la santé, c’est protéger les droits ». Dans un communiqué émis pour l’occasion, cette instance précise : « Le monde a fait de grands progrès vers l’objectif de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. Ces progrès ont été alimentés par des avancées en matière de protection des droits de l’homme. Mais les lois, les politiques et les pratiques qui punissent, discriminent et stigmatisent les femmes et les filles, les populations clés et d’autres communautés marginalisées violent les droits de l’homme et entravent l’accès à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins en matière de VIH. Il est urgent de supprimer les lois qui portent atteinte aux droits des personnes et d’introduire des lois qui défendent les droits de chacun. Le chemin qui mène à la fin du sida est celui des droits. »

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1987 : « Mme X. » tuée par l’intolérance et les causées liées au sida

Le 27 novembre 1987, Maurice enregistrait un premier décès pour des causes liées au sida. Ce 1er décembre 2023, PILS rend hommage à celle que la presse avait surnommé « Mme X. » en revenant sur le drame qu’elle a vécu. 

Il y a 36 ans, son histoire retenait l’attention de tout le pays qui avait appris sa séropositivité le 12 septembre 1987. Ce premier cas de VIH mauricien concernait une femme de 60 ans, déjà en phase sida. Alors que sa santé est au plus mal, à travers des manifestations et d’autres expressions d’intolérance, elle est davantage affectée par la stigmatisation et le rejet. 

« Elle ne souffrait pas. Elle était tout simplement très affaiblie. » Telle avait été l’annonce faite par le médecin de l’hôpital de Moulin à Poudres pour annoncer le décès de « Mme X. », le 27 novembre 1987. Elle s’en était allée vers 11heures, après presque trois mois d’hospitalisation. Par le biais des médias, le pays avait suivi les derniers jours de sa vie marqués par des réactions opposées. Face aux quelques marques de soutien et de compassion, une grande intolérance, exprimée par des manifestations, des gestes stigmatisants, de la discrimination et de la peur.  

Habitant la région nord, employée d’hôtel, cette femme âgée de 60 ans avait été admise à l’hôpital de Port-Louis. Un des membres du personnel soignant présent à l’époque se souvient : « C’était une femme soignée. Elle était bien habillée, elle avait les ongles bien faits et avait de bonnes manières. » Souffrant de diarrhée, affaiblie, elle suscitait une constante vigilance du personnel de la salle où elle avait admise. « Personne ne parlait de VIH ou du sida à l’époque. Nous ne savions pas de quoi elle souffrait et nous étions à son chevet pour la changer et la réhydrater. Nous avions appris qu’elle avait vécu sur le continent africain pendant quelque temps. Elle était rentrée après le décès de son époux. » 

« C’est le SIDA ! » 

Le 3 septembre 1987, elle est transférée à l’hôpital de Poudre d’Or pour des troubles pulmonaires. Les symptômes qu’elle présente inquiètent. Un échantillon de son sang est envoyé à Candos où un appareil nouvellement installé dans le laboratoire évoque une possibilité de VIH. Sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, un échantillon de son sang est analysé à Munich pour des tests approfondis. 

« C’est le SIDA ! » titre en gros caractères la presse le 12 septembre, suivant la réponse du laboratoire. La récente reconduction au pouvoir de sir Anerood Jugnauth, après les élections du 30 août, est reléguée au second plan. Les journaux parlent d’un « véritable coup de tonnerre ». L’affaire atténue momentanément l’esprit festif du Festival de la Mer, lancé en grandes pompes par sir Gaëtan Duval quelques jours plus tôt pour booster le secteur touristique. 

À Poudre d’Or, des personnes des alentours descendent dans la rue. Ils réclament le départ de la patiente des lieux de manière virulente. « Encore sous le choc, l’opinion publique n’est pas capable d’assumer, avec un minimum de responsabilité, l’échéance inévitable à laquelle il [sic] n’a pas été préparé [sic] », dit la presse. L’ignorance permet aux pires suppositions de se répandre comme une épidémie incontrôlable. Les uns et les autres évoquent la possibilité d’une épidémie à travers l’air ou encore les piqûres de moustiques. Sans compter les préjugés qui accablent Mme X.  

Isolée, attristée, résignée 

De sa chambre, « Mme X. » entend ces voix qui la vilipendent. « Cela l’a beaucoup affectée. Elle en était très attristée », raconte un témoin. Les choses se passent aussi mal à l’intérieur des murs de l’hôpital. « On a isolé la malade dans une salle. Tout le monde a peur de l’approcher. On dit qu’elle est une malade du SIDA, une maladie plus grave que la variole », écrit alors un journaliste. Quelques membres du personnel médical réclament des bottes et des gangs en caoutchouc pour approcher la patiente. Elle est transférée à la Skin Diseases Infirmary, dans un bâtiment datant du 18e siècle, au fond de la forêt de sapins. C’est ici qu’étaient généralement envoyés les patients souffrant de lèpre ou de variole. 

Séparée de sa famille et privée de visites, la patiente est au plus mal. « Elle manifeste des symptômes inquiétants, avec toutefois une tranquillité et une sérénité surprenantes. Mme X appartient à la catégorie des résignées ; elle trouve normal de souffrir, naturel de ne pas voir son état s’améliorer », témoigne un membre du personnel médical à l’époque. Des échantillons de sang de la patiente sont régulièrement envoyés à Munich pour d’autres analyses, tandis qu’elle perd du poids et des cheveux. Son état est suivi par la presse, au milieu d’autres affaires d’actualité, dont l’exécution d’Eshan Naeck, dit Alexandre, dernier condamné à mort conduit à l’échafaud à Maurice. 

Pour certains médias, « Mme X » ne pouvait qu’être une bête de foire. Une infirmière barre la route au journaliste qui tentait de s’immiscer dans la chambre de la patiente : « I forbid you to enter here. Try to understand she is ill. Why do you want to expose yourself to an infection? » « Je vous interdis d’entrer. Comprenez qu’elle est malade. Pourquoi vouloir vous exposer à une infection ? » Dans son reportage intitulé « J’ai vu la malade », le journaliste écrit : « Je suis resté sur les lieux malgré l’interdiction et j’ai pu voir la malade. Le teint jaunâtre, accroupie sur son lit, elle pleurait toute seule. Elle toussait de temps en temps. J’ai vidé les lieux. J’ai pensé aussi que cette place constitue peut-être un vivant foyer de virus. » 

Polémique, stigma, discrimination 

Cette épidémie qui venait de débarquer à Maurice, le monde en parlait depuis 1981 et les recherches étaient lancées pour la comprendre. En 1985, l’annonce de la contamination de l’acteur Rock Hudson avait attiré l’attention internationale sur cette « nouvelle peste », qui touchait officiellement 13 500 personnes dans le monde. En 1987, les estimations parlaient de 5 à 10 millions d’individus touchés. À août de la même année, le nombre de cas connus était de 53 395. On parlait de 1 000 tests positifs par quinzaine. Aucun traitement n’existe alors ; un test positif équivalait à la mort. 

« Maurice n’échappera pas au SIDA », disait le Dr Clément Chan Kam, dans une interview publiée en juin 1987. Des programmes de prévention sont menés par les autorités avec le soutien de AIDE Amitié, organisation de lutte contre le VIH qui réunissait Marie-Michèle Etienne, Cadress Runghen, le Dr Chan Kam, entre autres. Les préjugés étaient forts face à cette maladie associée à des malédictions divines et d’autres spéculations d’illuminés.  

Suivant la découverte du premier cas, une polémique éclate avec le ministre de la Santé, Jugdhish Goburdhun qui annonce que le gouvernement réprimera les « déviations » sexuelles, dont « les homosexuels et les prostituées ». Comme pour se rattraper, il nie avoir tenu ses propos et finit par réunir différents ministères et services pour lancer un programme en affirmant : « Il faut tout faire afin d’empêcher que la panique ne s’installe. » 

« Mme X » est enterrée quelque temps après sa mort. Ses funérailles ont lieu dans la plus grande discrétion afin que la famille et le personnel soignant ne soient pas harcelés et stigmatisés à leur tour. 

Le drame que vécut « Mme X. » est similaire à celui de Malini Veeramalay qui avait voulu faire évoluer les mentalités en parlant de sa séropositivité le 1er décembre 2004. Elle est décédée à peine six mois plus tard, dans un refuge pour femmes où Malini Veeramalay a trouvé asile après avoir été chassée de chez elle. Des histoires qui rappellent qu’aujourd’hui encore le stigma, la discrimination, l’intolérance sont les plus grands obstacles dans la lutte contre le VIH.

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