Cannabis médical : recommandations au comité technique

PILS fait ses recommandations au comité technique institué par le ministère de la Santé sur le cannabis médical ce vendredi 15 janvier 2021.

Le retrait du cannabis de l’annexe IV présente de multiples opportunités pour Maurice. L’adoption d’une nouvelle politique sur le cannabis médical nous permettrait de mener des recherches plus approfondies et dans la conjoncture actuelle, d’ouvrir la voie à de nouvelles perspectives économiques.

PILS a fait ses recommandations au comité technique sur les lois à amender en se basant sur des études scientifiques et les modèles internationaux qui ont fait leurs preuves. Il est aussi essentiel que les patients ayant besoin du cannabis médical puissent être pris en considération dans les prises de décision.

Retrouvez l’intégralité de nos recommandations ICI

Communiqué: Mois Zéro Discrimination

Mwa Zero Diskriminasion : CUT, AILES, Parapli Rouz et PILS font entendre les voix des personnes stigmatisées à cause de leurs addictions, leur statut sérologique ou leur emploi

Pour marquer la journée internationale zéro discrimination, le 1 er mars, le Collectif Urgence Toxida, AILES (Aide. Infos. Liberté. Espoir. Solidarité), Parapli Rouz et PILS (Prévention et Information de Lutte contre le SIDA) font entendre la voix des populations clés à travers une campagne digitale en ligne et un slam créé avec des artistes engagés.

La campagne « Mwa Zero Diskriminasion » vise une prise de conscience des discriminations et stigmatisations que subissent les personnes usagères de drogues, les personnes qui vivent avec le VIH et/ou l’hépatite C et les travailleuses du sexe en interrogeant notre parole et nos attitudes au quotidien.

Retrouvez l’intégralité de notre communiqué de presse ICI

Pour les demandes d’interview (artistes inclus), de témoignages et informations complémentaires, contacter :

Gaëlle Bernard, chargée de communication et d’évènementiel chez CUT

Tél. : 5974 12 90

Mail : g.bernard@cut.mu

Journée mondiale de lutte contre le SIDA: Renforçons la riposte au VIH

PILS inaugure le centre Nou Vi La

et organise une Conférence internationale sur le VIH,

les addictions et la réduction des risques

Cette année, PILS organise deux événements phares dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida :

  • L’ouverture du centre bas seuil « Nou Vi La », le 1er décembre
  • La conférence VIH, addictions et réduction des risques, du 2 au 4 décembre

Alors que l’année 2020 s’achève, le constat est amer. Les objectifs fixés pour 2020 par la communauté internationale dans la réponse au VIH ne seront pas atteints. À Maurice, les données récentes suggèrent que les progrès réalisés ces dernières années, soit dans le cadre des programmes de lutte contre le VIH entre 2010 et 2015, ont été inversés entre 2015 et 2019 : les décès liés au sida ont augmenté de 25 % sur cette dernière période, tandis que les nouvelles infections ont grimpé de 16 % et l’incidence du VIH est en hausse de 34 %. En outre, des données récentes suggèrent que 62 % des nouvelles infections en 2019 concernent des personnes hétérosexuelles âgées de 15 à 64 ans.

Comment inverser cette tendance tout en étant au plus près de nos communautés ? D’autant que suivant la pandémie de Covid-19 et la période de confinement qu’elle a entraînée, un autre constat s’est imposé : PILS devait se réadapter et de revoir les stratégies mises en place vis-à-vis de ses bénéficiaires et dans la riposte au VIH. Face à ces constats, deux évidences : en gestation depuis quelque temps, la concrétisation cette année d’un centre mieux adapté aux usagers et d’une conférence réunissant des experts locaux et internationaux, afin de réfléchir ensemble aux réponses face aux défis nouveaux de la lutte contre les épidémies.

Retrouver l’intégralité de notre dossier de presse ICI

Contact presse
Rachèle Bhoyroo
r.bhoyroo@pils.mu
230 54 56 40 57
212 4841
www.pils.mu

Semaine Internationale du Dépistage: 23-29 novembre 2020

AILES, CUT et PILS participent à la première édition de la Semaine internationale du dépistage  

 Du 23 au 29 novembre 2020, Prévention Information Lutte contre le SIDA (PILS) et ses partenaires le Collectif Urgence Toxida (CUT) et l’association Aides, Infos, Liberté, Espoir et Solidarité (AILES) organisent la première édition de la Semaine Internationale du Dépistage à Maurice. Initiée par Coalition PLUS, réseau international de lutte contre le sida et les hépatites virales dont nous sommes membres, la semaine internationale du dépistage vise à sensibiliser les populations sur le dépistage, premier pas dans la riposte aux épidémies. 

La première édition de la Semaine Internationale du Dépistage sera marquée par des opérations de dépistage à travers l’ile du 23 au 29 (Voir le calendrier ci-dessous). À cette occasion, nous organisons également des opérations de sensibilisation sur l’importance du dépistage ainsi que la distribution des préservatifs/des masques pour aider les populations à se protéger contre le VIH/la covid-19.

Retrouvez l’intégralité de notre Communiqué PILS- Semaine internationale du dépistage 23-29.11.20

PILS participe à la marche citoyenne du 29 août

ÎLE Maurice, jeudi 27 août 2020.  PILS et Coalition Plus, réseau auquel appartient notre organisation, restent mobilisés afin que la voix de la société civile soit prise en compte dans la gestion des crises, qu’elles soient nationales ou internationales. Les crises sanitaires, sociales, écologiques révèlent des inégalités profondes et de plus en plus marquées. Or, nous devons faire évoluer notre démocratie afin qu’elle soit plus inclusive, plus équitable, plus solidaire.

PILS et ses partenaires ne sont pas restés insensibles au naufrage du MV Wakashio sur nos récifs, à ses conséquences sociales et environnementales, ni à la gestion de cette crise. Les militants de PILS et de l’association AILES seront présents à la marche citoyenne du samedi 29 août à Port Louis, marche initiée par le citoyen Bruneau Laurette, pour soutenir ECO-SUD ainsi que toutes les associations, les volontaires et les bénévoles qui se sont mobilisés dans le cadre de ce désastre.

En outre, notre partenaire Coalition Plus est fière d’avoir participé à cette mobilisation nationale et internationale en facilitant l’opération de crowdfunding lancée par le militant écologiste français Hugo Clément qui a permis de récolter 90 000 euros pour l’association ECO-SUD.

 

PILS marchera le samedi 29 août à Port Louis, île Maurice :

Pour les océans et nos lagons

Pour l’écologie et le devenir de notre planète

Pour la vérité

Pour la santé

Pour la solidarité

Pour la justice

Pour la démocratie

Pour la transparence

Pour l’unité nationale

Pour Maurice

Pour un monde plus juste

PILS, à travers Coalition PLUS, cosigne la tribune internationale «Le Covid-19, une opportunité pour réformer la politique des drogues»

ILE Maurice, jeudi 25 juin 2020. Coalition PLUS, dont PILS est membre, ainsi que d’autres réseaux et organisations internationales plaident en faveur d’une « véritable politique des drogues qui ne condamne pas mais qui respecte et accompagne les personnes qui en consomment ». Elles interpellent les décideurs du monde entier sur la nécessité d’une « réforme profonde des politiques de drogues » dans la tribune publiée sur Libération.fr, à quelques jours de la journée « Support, don’t punish! », « Soutenir, pa pinir ! », observée le 26 juin. Des actions prises auprès des usagers-ères de drogues pour limiter la propagation du Covid-19 montrent que c’est possible, écrivent-elles.

Dispension des thérapies de substitution à domicile et distribution plus accrue du matériel d’injection sont autant de mesures réclamées tant sur le plan international qu’à Maurice. Et mises en place en France et ailleurs durant le confinement. A Maurice cependant, le « lockdown » a vu l’interruption momentanée du programme d’échange de seringues, ce qui augmente le risque de propagation du VIH chez les personnes qui s’injectent des drogues. Or, c’est une population qui, en plus d’être discriminée socialement, se retrouve aussi grandement précarisée par la crise Covid-19. Sans compter que l’accès à un travail est fortement freiné par l’inscription, sur le certificat de caractère, des délits de possession de drogue. Or, « la garantie des moyens de subsistance (logement sûr, revenu minimum etc.,) est en effet un préalable à la prise en charge des addictions », soulignent Coalition PLUS et les cosignataires de la tribune (lire le PDF ici).

Les effets s’en ressentent non seulement sur les plans sanitaire et sécuritaire (recul de l’infection au VIH et aux hépatites ainsi que chute de la criminalité) mais aussi sur les enveloppes budgétaires nationales. Une considération non négligeable dans un contexte économique post-Covid-19 marquée par une récession à grande échelle et, peut-être, à long terme. Et où le cannabis thérapeutique peut être une « opportunité urgente à saisir ».

PILS, membre de plein droit de Coalition PLUS depuis 2013, a été un moteur dans la rédaction de cette tribune et la mobilisation des réseaux et organisations internationales qui la portent. Comme les cosignataires, nous sommes convaincus qu’une politique des drogues moins répressive sera bénéfique à tous. « La crise de la Covid-19 a amorcé un mouvement inédit de réformes progressistes, poursuivons-le ! »

Les signataires de la tribune : Coalition PLUS, réseau international d’associations de lutte contre le sida et les hépatites virales ; International Drug Policy Consortium (IDPC) ; Harm Reduction International (HRI) ; International Network of People Who Use Drugs (INPUD) ; International Network on Hepatitis in Substance Users (INHSU) ; Correlation – European Harm Reduction Network (C-EHRN).

Annette Ebsen Treebhoobun prend les rênes de PILS en tant que nouvelle directrice exécutive

Annette Ebsen Treebhoobun prend les rênes de PILS

en tant que nouvelle directrice exécutive

Île Maurice, le 6 novembre 2020. Annette Ebsen Treebhoobun prend ses fonctions comme Directrice exécutive de l’ONG Prévention Information Lutte contre le sida (PILS). En poste depuis le 19 octobre 2020, son arrivée chez PILS fait suite au départ de Nicolas Ritter. Le directeur sortant est désormais à la vice-présidence du conseil d’administration de PILS. Son départ avait été annoncé lors de l’assemblée annuelle le 2 juillet 2020.

Annette Ebsen Treebhoobun n’est pas une inconnue dans la lutte contre le VIH/sida à Maurice. Elle a déjà travaillé aux côtés de PILS pendant quatre ans et auprès du National AIDS Secretariat en tant que consultante. Détentrice d’une maîtrise en économie et administration sociale, Annette Ebsen Treebhoobun compte une vaste expérience dans la gestion et en tant que professeure universitaire. Ses expériences en management et ses connaissances de la lutte sont parfaitement adaptées à son rôle de directrice exécutive de PILS. De plus, nous sommes convaincus que son esprit d’innovation fera progresser notre réponse contre les épidémies. « Je suis très enthousiasmée de rejoindre la lutte contre le VIH et honorée de suivre les pas de Nicolas. Je me réjouis de rejoindre l’équipe de PILS, qui a déjà une grande expérience de la lutte contre le VIH, l’hépatite C et les infections sexuellement transmissibles, et de contribuer avec elle à accélérer notre riposte contre les épidémies de VIH et d’hépatite C et les infections sexuellement transmissibles. »

Annette Ebsen Treebhoobun occupera aussi la fonction de coordinatrice de la Plateforme Océan Indien de Coalition PLUS, réseau international dont PILS est membre.

Après 13 ans à la barre de PILS, Nicolas Ritter quitte la direction de PILS avec un sentiment de satisfaction, même s’il reste encore du travail à abattre. « Je suis fier aujourd’hui de laisser la direction entre les mains d’Annette. PILS a grandi et est désormais un acteur clé dans la réponse nationale contre le VIH, que ce soit sur le plan des programmes, de la collaboration régionale ou internationale. Ce travail a pu être accompli avec des gens remarquables. Cependant, je suis conscient que nous pouvons et devons avoir encore plus d’impact sur ce virus et sur les personnes qui vivent avec. »

Contact presse : Rachèle Bhoyroo

r.bhoyroo@pils.mu

54 56 40 57 / 57 83 69 28

VIH / COVID-19 : Nos services post confinement

À la suite de l’annonce du déconfinement prévu pour ce dimanche 31 mai, nous vous informons que nous assurons la continuité des soins des personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales, tout en maintenant les précautions sanitaires nécessaires.

Dans cette optique, nous procéderons à l’ouverture graduelle de nos services à partir du 1er juin. L’infirmerie de PILS sera ouverte de 07h30 à 14h30 selon des règles strictes : distanciation physique, port du masque obligatoire, nombre limité de personnes dans nos locaux pour minimiser tout risque de transmission du COVID-19.

Relation d’aide à distance et Interventions terrain

Le 8999 reste opérationnel du lundi au samedi, de midi à 20 heures, pour les personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales souhaitant obtenir des informations sur le VIH, la COVID-19 et les activités de PILS.

Cette relation d’aide à distance répondra également aux questions en lien avec la prévention et la santé sexuelle du public.

Le système d’interventions terrain mis en place pendant le confinement sera maintenu pour assurer un service aux bénéficiaires les plus vulnérables.

Pour plus d’informations ou signaler des besoins particuliers liés au VIH, merci de téléphoner sur le 8999.

Nous tenons aussi à saluer les efforts des Frontliners du gouvernement et de la société civile pour leur travail sans relâche pendant cette période de crise sanitaire.

VIH / COVID-19: International AIDS Candlelight Memorial 2020

Communiqué

International AIDS Candlelight Memorial 2020

Nou Rappel – Nou Azir – Nou pou Sirmont VIH

Ce dimanche 17 mai 2020 nous commémorons mondialement le “International AIDS Candlelight Memorial Day”. Chaque année, à cette date, une centaine d’associations et des milliers d’acteurs de la lutte contre l’épidémie se rassemblent pour commémorer les personnes mortes des causes liées au SIDA et pour exprimer leur solidarité avec ceux.celles vivant avec le VIH. Cette année à Maurice, nous observons pour la 15e année l’International AIDS Candlelight Memorial. Le slogan retenu est : Nou rapel- Nou azir – Nou pou sirmont VIH.

Alors que le monde fait face à la pandémie du nouveau coronavirus, nous encourageons nos actHIVists, partenaires, volontaires et le public à marquer cette journée.

Malgré l’interdiction de se rassembler, nous vous invitons à allumer une bougie, à 19 H, chez vous, ce dimanche 17 mai.

Plus qu’une simple cérémonie, cette journée sert aussi de campagne de mobilisation communautaire pour sensibiliser la société au VIH et au SIDA et compte tenu du contexte, des maladies virales en général.

Aujourd’hui, le monde fait face à une nouvelle crise sanitaire qui marque les cœurs, les corps et les esprits comme jamais. Ainsi chaque citoyen est appelé à être un acteur dans cette réponse mondiale. Ces 30 dernières années de riposte contre le VIH sont riches d’enseignement que nous pouvons adapter à notre réponse contre la COVID-19. Parmi elles, une approche qui fait appel à la responsabilité individuelle et collective et qui y intègre le respect des droits humains.

Impliquer les communautés les plus fragiles est une nécessité. Cette stratégie a fait ses preuves surtout dans la mise en place des programmes de dépistage du VIH, de l’hépatite C et des IST. Les associations communautaires doivent pouvoir jouer un rôle à ce niveau, car seul, le corps médical ne peut agir contre un virus si nous ne savons pas où il est. De ce fait, comme dans la réponse au VIH, si nous voulons rompre la chaîne de transmission de ce nouveau coronavirus et éviter toute nouvelle vague de contamination, il nous faut ‘trouver, isoler, tester et traiter chaque cas’ comme l’affirme l’agence Onusienne contre le SIDA.

La COVID-19 nous rappelle également à quel point il est essentiel pour chaque pays d’avoir un système de santé en capacité de faire face à des épidémies. Notre république, contrairement à beaucoup de nos voisins africains a une couverture de santé universelle gratuite pour ses citoyens. Néanmoins nous devons faire de sorte que ce système puisse être viable dans la durée car soigner les uns, c’est protéger tous les autres.

La COVID-19, nous a permis de remettre à jour et réadapter nos services afin de pouvoir venir en aide aux populations les plus fragilisées et minimiser le nombre de mort. Au fil de cette crise sanitaire sans précédent, de nouvelles solidarités se sont créées et aujourd’hui, plus que jamais, l’heure est à l’entraide et à la coopération.

Sur la base de notre expérience avec le VIH, nous l’avons vu, la répression et les restrictions ne marchent pas et sont bien au contraire des freins à la santé publique. Durant ce moment de crise, il est important de ne pas marginaliser davantage les personnes les plus vulnérables. Toutes mesures pour contenir la transmission et venir à bout de cette pandémie doivent être implémentées dans le respect des droits humains tout en y incluant la société civile.

Guidé par ces principes fondamentaux, nous nous rappelons de ceux.celles que nous avons perdu, nous agissons et nous surmonterons le VIH et la COVID-19.

 

PILS 15 mai 2020.

Travailleuse du sexe transgenre à Maurice, Kyrah veut « résoudre les problèmes de sa communauté »

Kyrah, femme transgenre exerçant le travail du sexe à Port-Louis, République de Maurice. Photo PILS / 2020

A l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, les travailleuses du sexe mobilisées pour un meilleur accès à la santé et la défense de leurs droits prennent la parole.

Kyrah, 38 ans, travailleuse du sexe transgenre à l’île Maurice, représente sa communauté au sein de l’instance nationale de coordination du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Elle nous a raconté son histoire et son engagement. Interview.

Comment as-tu commencé à exercer le travail du sexe ? 

« Après une rupture, il y a 3 ans et demi, j’étais dans une situation financière compliquée. Il a alors fallu que je me débrouille seule. J’ai donc commencé à exercer le travail du sexe à ce moment-là, car je n’avais pas d’autre solution. Je suis qualifiée et j’ai des compétences, mais les employeurs me jugent sur mon identité et mon genre. C’est un obstacle que nous arrivons difficilement à surmonter. J’ai été un peu poussée vers ce métier : quand vous êtes une femme trans, les hommes vous associent d’emblée au sexe. Comme je suis spa thérapeute, on me demandait souvent des extras et un jour, dans un moment où j’avais besoin d’argent, je me suis laissée convaincre.

Au début, c’était difficile pour moi de l’accepter, c’est toujours un peu le cas. Mais il faut bien vivre et c’est le seul moyen que j’ai trouvé. Je pratique à domicile en toute discrétion et parfois chez les clients. J’établis le contact à travers les réseaux sociaux. Mes clients sont pour la majorité des touristes que je ne risque pas de recroiser. L’inconvénient est qu’ils sont moins nombreux en saison basse… Je ne gagne pas vraiment bien ma vie, ça me permet de payer mes factures, mais pas plus. Je n’arrive pas à économiser. »

Comment prends-tu soin de ta santé ?

« Certains clients n’aiment pas le préservatif et moi non plus. Heureusement, la PrEP [prophylaxie pré-exposition, un traitement anti-VIH utilisé en prévention, Ndlr] est disponible gratuitement à Maurice. Grâce à cela, j’arrive à mieux me protéger. Pour me protéger des infections sexuellement transmissibles, j’utilise le préservatif. Je suis en contact régulier avec l’équipe Rainbow de PILS [équipe de pair éducateurs-rices qui travaille avec la communauté LGBT, Ndlr], auprès de qui je me procure du matériel de prévention.

Comme j’utilise la PrEP, je vais tous les 3 mois au centre de santé pour le suivi et faire un test de dépistage. Si je ne peux pas me déplacer dans un centre de santé, c’est avec l’équipe Rainbow que je fais mon dépistage (VIH, hépatite C et syphilis) lorsqu’ils-elles passent dans mon quartier. Comme tout le monde, j’ai parfois une petite grippe, un mal de ventre, mais je me sens bien et en bonne santé. »

As-tu déjà été confrontée à des violations de tes droits par les forces de l’ordre ? 

« Les forces de l’ordre ne nous aiment pas, nous les personnes trans. Il y a quelques années, j’ai été victime de brutalité policière. Avec un groupe de copines trans, nous étions sorties pour aller en une boîte de nuit. Nous voulions juste faire la fête, et non travailler ! Une voiture s’est arrêtée et le conducteur nous a proposé de nous déposer. Malheureusement, c’était un policier en civil… Il nous a embarquées à la station de police, nous a forcées à signer une fausse déclaration écrite par les policiers. Pour finir, ils nous ont obligées à nous déshabiller pour prouver notre identité. Ils étaient si violents que je ne pouvais rien faire. J’ai obtempéré. C’était horrible, j’ai été humiliée et je ne pouvais même pas porter plainte pour brutalité policière. C’était inhumain. »

Tu as dit que tu avais été « poussée vers le travail du sexe » en raison des discriminations à l’emploi. Quelles discriminations as-tu rencontré dans le monde du travail ?

« Par exemple, un hôtel m’avait employée sous mes nom et prénom de garçon. Quand j’ai demandé à ce qu’on change mon prénom sur mon badge, la direction a refusé. Je suis une fille avec un prénom de garçon sur mon badge : ce n’était pas acceptable. De plus, comme je suis spa thérapeute, on m’a interdit de faire des massages, que ce soit avec des hommes ou des femmes. C’est discriminant et humiliant, car j’ai été formée, je suis une professionnelle et on m’interdit de faire mon travail en se basant sur mon genre. Je n’ai pas supporté cette humiliation et j’ai démissionné. Je rencontre fréquemment ce problème dans le milieu professionnel. Souvent, cela se passe dès l’entretien. Votre candidature est tout de suite rejetée quand on voit que vous êtes une personne trans. »

Tu es représentante des personnes trans au sein de l’instance nationale de coordination du Fonds mondial (CCM). Peux-tu nous en dire plus sur ton engagement ? 

« C’est une amie qui travaille chez PILS [association membre de Coalition PLUS à Maurice, Ndlr] qui m’a fait connaître le CCM et tout le travail qui s’y fait. Elle m’a expliqué les enjeux et comment je pouvais contribuer à faire avancer les choses. Ainsi, en octobre j’ai rejoint le CCM pour essayer de résoudre les problèmes de ma communauté.

Cela m’a ouvert les yeux. Auparavant, je pensais impossible que les personnes trans puissent avoir la parole sur une plateforme comme le CCM. Il y a une reconnaissance de ma communauté et cela me motive à aller plus loin. Nous sommes là, nous existons et nous avons des droits ! Aujourd’hui, je veux me battre pour que nous ayons une place, pour que nous puissions faire entendre nos voix. »

Propos recueillis par Rachèle Bhoyroo, Responsable communication, PILS (Maurice) en février 2020. Cet entretien a été édité et condensé pour plus de clarté.