PILS salue l’annonce du Ministère de la santé de délocaliser la distribution du programme de substitution à la méthadone.
PILS salue l’annonce du Ministère de la santé de délocaliser la distribution du programme de substitution à la méthadone.
Port Louis, le 7 août 2018– Le jeudi 2 août, le Ministre de la santé, Dr Anwar Husnoo a annoncé la délocalisation de la distribution de méthadone des postes de police, qui ne sont pas appropriés pour ce traitement. Selon lui, les services pourraient être redirigés vers les centres de santé publique. Cette décision a été accueillie très positivement par PILS (Prevention Information Lutte contre le SIDA).
Depuis la décentralisation du programme en 2015, PILS et ses partenaires ont constaté l’inefficacité de cette mesure et n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme sur les répercussions néfastes de cette décision, comme la stigmatisation des personnes qui prennent la méthadone. En effet, les nouvelles infections au VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues (PIDS) ont augmenté de 31 % en 2014 à 38,6 % en 2017, soit 3 ans après que les programmes de réduction des risques (RdR) aient été remis en cause par le Ministre de la Santé. De plus, 40% de nouveaux cas de VIH ont été détectés de 2015 à 2017.
Pourtant, face aux risques d’infection au VIH et aux hépatites virales, les outils de RdR ont fait leur preuve : les programmes de méthadone et le programme d’échange de seringues (PES) ont conduit à une diminution de plus de 60% du taux d’incidence du VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues à Maurice[i]. Au cours de la même période, une baisse de 60% de la criminalité a été observée de 2007 à 2012 [ii].
A Maurice, le taux de VIH/SIDA est concentré parmi les populations clés. Il est donc possible de contenir l’épidémie et d’atteindre l’objectif zéro nouvelle transmission d’ici 2030. Cet objectif ne peut se réaliser que si les personnes les plus exposées ont accès au dépistage, au traitement et aux soins de qualité et aux outils de RdR.
A cet effet, nous accueillons favorablement la démarche du ministère de la santé et sommes d’avis que celle-ci a le potentiel d’ouvrir la voie à une réelle réflexion avec tous les acteurs concernés, dans le but d’améliorer les programmes de RdR afin que ceux-ci correspondent aux besoins des personnes qui ont une consommation problématique des produits psychoactifs.
Un changement de paradigme et une approche holistique centrés sur les évidences et les droits humains sont primordiaux si nous voulons mettre fin aux épidémies du VIH et aux Hépatites virales.
Contact presse : Rachèle Bhoyroo
[i] Ministry of Health & Quality of Life (MOHQL), 31 décembre 2014, 31 décembre 2017. Statistics on HIV/Aids
[ii] Diminution de 2,650 cas en 2007 à 1,085 en 2012. (Données obtenues de la police et présentées par le MOHQL au Colloque VIH/Sida Ocean Indien à Maurice en 2013)