Journée mondiale de la santé : Les associations communautaires acteurs clés pendant la pandémie

A l’occasion de la journée mondiale de la santé, le 7 avril 2021, nous souhaitons rappeler le rôle déterminant que jouent les associations communautaires pour préserver la santé des populations les plus vulnérables et isolées depuis la crise sanitaire 

La Covid-19 accentue les inégalités 

Face à la pandémie de la Covid-19, nous ne sommes pas tous.tes égaux.les. Le coronavirus a mis en évidence les inégalités qui affectent de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables. Les personnes vivant avec le VIH, les personnes exerçant le travail du sexe et les personnes usagères de drogues paient le prix fort et sont doublement affectées. 

Cette crise sanitaire est particulièrement lourde de conséquences pour les communautés vulnérables, victimes de stigmatisation et de discriminations et qui ont difficilement accès à des services de santé. Nombre de ces personnes vivaient déjà dans la précarité sans sécurité alimentaire ni économique, pouvant compter uniquement sur du travail journalier pour subvenir à leurs besoins. La situation actuelle et le confinement ont fragilisé encore plus les communautés marginalisées.  

Ces mesures pèsent lourd et nous voyons les conséquences sur le terrainNous constatons que beaucoup de personnes sont dans des situations de détresse alimentaire, l’accès au matériel d’injection neuf ou stérile est difficile tout comme l’approvisionnement en produit de substitution (méthadone) et en traitements antirétroviraux, ce qui laisse craindre une explosion de l’épidémie du VIH et des hépatites virales.  

Les associations communautaires acteurs clés de la pandémie  

Les mesures mises en œuvre pour lutter contre la Covid-19 peuvent faire reculer la lutte contre le VIH/sida et avoir des effets néfastes sur les populations clésSi la crise sanitaire a mis au jour les failles et faiblesses des politiques sociales et sanitaireselle a aussi été révélatrice de force, d’inventivité et de capacité d’adaptation par les associations de lutte communautaire et les acteurs.rices de terrainFace à cette urgence, depuis le premier confinement, les associations se sont mobilisées et ont réadapté leurs services afin de venir en aide aux personnes les plus impactées.  

Opérant auprès des populations les plus isolées, les associations PILS, A.I.L.E.S, CUT, KinouétéParapli Rouz et CAEC se mobilisent pour venir en aide à ceux et celles qui survivaient déjà difficilement au jour le jour avant la crise. Ces associations offrent entre

 

autres des services d’écoute, d’accompagnement et de soutien alimentaire. 

Confinement : assurer la continuité des soins des personnes vivant avec le VIH  

En première ligne contre le VIH, PILS s’adapte et notre préoccupation demeure non seulement les personnes les plus fragiles qui constituent la majorité de notre file active mais aussi nos intervenants.es sur le terrain afin d’éviter toute contamination. Les craintes des patient.e.s étaient de ne pas avoir accès à leurs médicaments et à la nourriture. Pour pouvoir répondre à leurs besoinsune collaboration avec la AIDS Unit s’est mise en place. Chaque jour, les actHIVistes de PILS s’organisent pour acheminer des antirétroviraux auprès depatient.e.s tout en respectant les mesures de protection.  

«Nous sommes mieux préparés.es que pour le premier confinement du 2020, mais c’est toujours un défi à relever. Nos usagers.ères souffrent souvent d’une grande solitude, surtout ceux.celles qui sont sans domicileNotre centre bas-seuil Nou Vi La étant fermé pendant ce confinement, nous essayons de répondre à leurs besoins primaires en offrant un soutien alimentaire et des packs de petitdéjeuner pendant ce confinement. Il est important de maintenir le lien avec cette population qui se fragilise davantage à mesure que le confinement se prolonge. Par ailleurs, pour maintenir le contactles usagers.ères de service ont été joints par téléphone. Ces appels sont intensifiés afin de s’assurer qu’ils.elles soient en sécurité et de voir comment nous pouvons les aider. » Ashvin Gungaram, coordinateur de terrain.  

Notre partenaire A.I.L.E.S, qui opère notamment dans la zone rouge des hautes Plaines Wilhems, assure également la distribution des antirétroviraux et se mobilise auprès des patients.es qui sont sous traitement de substitution à la méthadone. A.I.L.E.S fournit un soutien alimentaire aussi bien que du matériel de prévention (masques et gel hydroalcoolique) pour que les patients.es puissent se protéger sur les sites de distribution. Certains.es patients.es ne pouvant accéder à leur traitement, notre partenaire A.I.L.E.S en collaboration avec la Harm Reduction Unit dispense la méthadone à domicile au quotidienL’association a aussi accompagné quelques patients.es qui souffrent d’infections opportunistes.  

Relation d’aide à distance pour les populations clés  

Le confinement est une grande source d’angoisse et de stress et les populations vulnérables n’y échappent pas. Pour maintenir le lien et venir en aide aux personnes, deux services d’écoute sont opérationnels. PILS, à travers la ligne verte 8999, propose un service d’écoute et de prévention à distance. Pour lutter contre l’isolement et veiller au bien-être des bénéficiaires du Collectif Arcenciel, l’association offre un service de counseling en ligne tous les samedistrès demandé depuis le début du confinement. Des activités en ligne comme l’art thérapie, des ateliers d’écriture et le sport sont également proposées . 

L’association Parapli Rouz propose également un service d’écoute durant cette période difficile. La prévention se fait aussi par téléphone pour cette association, comme l’explique un travailleur de terrain : «C’est de la folie depuis le confinement. Nos bénéficiaires nous ont immédiatement demandé de l’aide, des paniers alimentaires, des kits sanitaires, etc. Nous faisons de notre mieux pour essayer de les aider. Le counseling et la prévention se font essentiellement par téléphone, mais les préservatifs et lubrifiants sont distribués par les travailleurs.euses de terrain et des personnes focales à travers l’île. » 

Avec l’impossibilité de se rendre dans les prisons comme elle le fait normalementl’association Kinouete a également ajusté ses opérations pour apporter soutien et conseils à distance. L’association a reçu 37 appels à cet effet depuis le début du confinement, mais a aussi poussé les choses plus loin en appelant 117 jeunes et 282 ex-détenus pour leur apporter du soutien et faire du counseling.  

 La duction des risques mise à rude épreuve pendant le confinement 

Au sein du Collectif Urgence Toxida (CUT), tout un réseau de travailleurs.euses de terrain s’est mobilisés.es afin d’offrir du matériel d’injection propre à leurs usagers.èresLe volume remis aux personnes usagères de drogues est plus conséquent qu’en temps normal afin de limiter leurs déplacements. A ce jour, CUT a distribué 25 868 seringues et a effectué 10 tests VIH et VHC. L’association a aussi effectué des distributions de paniers alimentaires, dont 200 packs de petitdéjeuner parmi les usagers.ères précaires éprouvant encore plus de difficultés à se nourrir.  

Aujourd’huiface à la Covid-19, les associations communautaires se mobilisent pour la pérennité de leur action mais aussi pour faire face à la crise sanitaire. Plus que jamais, l’expertise communautaire est nécessaire et les acteurs.trices de terrain jouent un rôle clé pour atteindre les cibles nationales relative à la couverture sanitaire universelle et à la réponse de l’action d’urgence.