Global Marijuana March: Communiqué de presse/ Appel du 8 juin 2019
Communiqué de presse/ Appel du 8 juin 2019
Maurice. Ce Samedi 8 Juin, PILS apportera encore une fois son soutien et participera à la Global Marijuana March organisée par le Kolektif 420, à Port Louis.
Depuis 2016, PILS, membre de la Coalition International Sida (Coalition PLUS) a inclut dans son plaidoyer la question des drogues et demande une révision de nos lois et politiques en matière de drogues car nous sommes convaincus et avons toutes les évidences pour croire qu’une approche non répressive, centrée sur l’humain et la santé aura pour effet une réduction importante des nouvelles transmissions du VIH et des hépatites virales.
La politique de répression qui règne depuis plus de cinquante ans ne fonctionne pas ! « La guerre aux drogues » est une guerre menée davantage contre les personnes qui utilisent des produits psychoactifs que contre les véritables responsables du trafic. A Maurice, les dirigeants politiques qui se sont succèdés ont entretenus l’illusion que la répression pourrait avoir un effet sur l’offre et la consommation des produits illicites. Or, ces mesures plus qu’inefficaces ont produit les effets inverses avec d’importants dommages pour la société. L’application de ces lois répressives a en outre provoqué de nombreuses violations des droits humains notamment à travers le refus de prodiguer des soins, en rendant l’accès aux services de santé et aux mesures de réduction des risques et à la prévention des virus transmis par le sang plus difficile. Le résultat : une épidémie du VIH et des hépatites virales concentrée parmi les personnes qui utilisent des drogues. La politique prohibitionniste a de surcroît favorisé la violence, la criminalité et la corruption liées au trafic illicite ainsi que  la généralisation dans le pays des nouvelles drogues de synthèse.
Une transition vers des politiques moins répressives est non seulement possible mais nécessaire. Plusieurs pays, à l’instar du Portugal a pu le démontrer en décriminalisant l’usage de toutes les drogues. Cette décision a conduit à la baisse du taux de criminalité, a réduit la surpopulation carcérale et a diminué les nouvelles infections au VIH. La question des drogues qui était alors considérée comme un problème judiciaire et pénal est devenue un enjeu de santé publique. L’exemple du Portugal nous pousse à nous interroger sur nos politiques et la manière dont notre société accompagne les personnes les plus marginalisées.
Enjeu médical
La question de nouvelles lois sur le cannabis est également un enjeu médical. Cela fait plusieurs années depuis que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) étudie de près le cannabis et sa classification. Dans un rapport publié en janvier 2019, l’OMS recommande la déclassification du cannabis ainsi que pour les préparations et extraits de cannabinoïdes comme substances dangereuses. Avec cette recommandation, l’OMS tranche en faveur du cannabis mais reconnait aussi le cannabis comme substance non-nocive aux potentiels thérapeutiques non négligeables. Dans le même registre, les effets thérapeutiques du cannabis pourraient être bénéfiques pour les patients vivant avec le VIH. Les études réalisées dans ce domaine ont démontré que l’utilisation du cannabis stimule l’appétit, facilite la prise de poids, favorise le sommeil, réduit le stress et la dépression pour ne citer que ces quelques exemples. De nombreux malades réclament l’accès au cannabis ou des produits dérivés du cannabis pour se soigner ou atténuer douleurs, nausées, et autres symptômes invalidants. De plus, le cannabis pourrait être un outil potentiel pour le sevrage des personnes ayant une consommation problématique d’opiacés.
Enjeu économique
Le cannabis rapporte gros aux états qui l’ont légalisé. Le Colorado, l’Uruguay et le Canada en sont des exemples. Cette démarche a court-circuité le marché noir et permet de renflouer les caisses de l’état. Ainsi, les recettes obtenues sont réinvesties dans la santé, l’éducation et la prise en charge sociale, des dépenses déjà encourues par l’état, alors même que le produit était illicite. La consommation du cannabis n’a pas augmenté dans ces pays contrairement aux craintes de ceux qui sont contre la légalisation. De plus, le commerce du cannabis dynamise d’autres secteurs tels que le tourisme. Selon le Marijuana Business Factbook 2016, chaque dollar dépensé pour l’achat de cannabis aux Etats Unis permet d’injecter trois dollars dans l’économie américaine. Le marché du cannabis légal aux USA est estimé à 40 milliards de dollars d’ici 2021. Comme le propose la firme Ernst & Young, Maurice peut remplacer l’industrie cannière par celle du cannabis médical ; un marché très prometteur. Au Canada et en Israël, c’est un business florissant depuis plusieurs année déjà.
Comme le préconise le rapport Lam Shang Leen, il est grand temps d’avoir un débat dépassionné sur la dépénalisation du cannabis et de revoir nos lois qui criminalisent les consommateurs de drogues. De plus, dans sa Newsletter datant d’avril 2019, le bureau du Directeur des poursuites publiques estime que Maurice, étant un membre des Nations Unies depuis 1968 pourrait éventuellement opter pour une révision de ses propres lois si les Nations Unies optent pour une politique plus souple. Il n’est plus question de se demander s’il faut légaliser le cannabis ou pas mais comment le faire.
L’inefficacité des lois actuelles ont grandement démontré qu’il est non seulement nécessaire mais aussi possible de changer de système et de politiques. C’est pour cela que PILS appel à un changement de notre Dangerous Drug Act et la déclassification du cannabis de cette loi, aujourd’hui obsolète, afin de venir à bout des épidémies du VIH et du VHC et pour une meilleure qualité de vie. Nous appelons l’ensemble de nos militants.es, sympatisants.es à rejoindre la marche du Kolektif 420 pour une société plus respectueuse des droits de l’homme et la justice.
Contact presse :
Rachèle Bhoyroo
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r.bhoyroo@pils.mu