Communiqué de Presse: Etude de PILS sur la stigmatisation

La stigmatisation, un mal qui freine la lutte contre le VIH

Le rapport qu’a lancé PILS le vendredi 21 mars mesure le niveau de stigmatisation et de discrimination qui affecte encore les personnes vivant avec le VIH à Maurice. Si la situation s’est sensiblement améliorée, l’enquête indique que la stigmatisation reste l’une des principales barrières auxquelles la lutte contre le VIH est confrontée. Le rapport a été réalisé à travers une série d’interviews menées à Maurice et à Rodrigues par des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) auprès de leurs pairs, selon une méthodologie validée à l’international. Le People Living With HIV Stigma Index est un outil scientifique qui identifie les failles et indique les domaines où des interventions sont nécessaires. De la famille aux centres de santé, en passant par le monde professionnel et éducatif, les impacts sont conséquents, affectant les droits, la vie, ainsi que la santé physique et mentale des personnes concernées.

78% des PVVIH, ont peur de parler de leur statut sérologique, même à leurs proches. 10 % des répondants ont signalé des incidents de violence physique. 18 % disent avoir fait l’objet de rumeurs liées à leur statut. Les violences verbales ont touché 16 % des répondants. 5 % ont été socialement exclus et 8 % ont été rejetés par leur famille. 36 % ont subi des remarques discriminatoires et 19 % ont vécu la stigmatisation sur leur lieu de travail. 12 % ont été privés de soins dans les centres de santé en raison de leur statut sérologique. Cet environnement peu inclusif provoque chez certains de l’auto-stigmatisation et divers troubles. 22 % ont perdu confiance en eux-mêmes et 37 % ont plus de mal à gérer leur stress. Tels sont quelques-uns des éléments qui ressortent de ce document de plus de 80 pages.

 

 

 

 

 

 

 

Pour Monica Pudaruth, responsable du suivi, de l’évaluation, de la recherche et de la capitalisation chez PILS : « En 2025, malgré les progrès réalisés en matière de traitement et de prévention du VIH, la méfiance et la peur envers les personnes vivant avec le virus demeurent ancrées dans la société. Beaucoup continuent d’éviter tout contact avec une personne séropositive, craignant à tort une transmission. Ces idées reçues contribuent à entretenir la stigmatisation et la discrimination. ».

Depuis 1983, date à laquelle l’épidémie a été identifiée, jusqu’à aujourd’hui, ces entraves persistent encore malgré les nombreuses avancées dans la compréhension du virus, dans la prévention et dans la prise en charge des malades.

« La stigmatisation ne rend pas seulement plus difficile pour les personnes d’accepter leur statut VIH et de gérer leur maladie sur le plan personnel, mais elle entrave également les efforts visant à lutter contre l’épidémie dans son ensemble. La stigmatisation et la discrimination liées au VIH et au sida peuvent entraîner un rejet par la famille, les pairs et le milieu professionnel, conduisant à l’exclusion économique et sociale ; un mauvais traitement dans les établissements de santé et d’éducation ; une érosion des droits ; des répercussions psychologiques ; et peuvent avoir un impact négatif sur l’accès au dépistage et aux traitements disponibles à Maurice », indique le rapport, fruit d’un travail minutieux mené sur le terrain pendant plusieurs mois.

L’étude révèle une diminution de la stigmatisation externe. Cependant, cette avancée reste fragile, car près de 80 % des personnes vivant avec le VIH hésitent à révéler leur statut, de peur qu’il ne soit connu des autres (famille, amis, proches, société) et qu’elles soient rejetées. « Par crainte de discrimination, elles préfèrent cacher leur séropositivité, y compris auprès des professionnels de santé, ce qui peut compromettre leur prise en charge médicale », ajoute Monica Pudaruth.

L’étude souligne qu’environ 50 % des personnes vivant avec le VIH retardent le début de leur traitement, redoutant que leur statut ne soit connu des autres. Face à cette réalité, il est essentiel et urgent de renforcer l’éducation du public sur les avancées en matière de prévention et de traitement du VIH. « Lutter contre les idées fausses permettra non seulement de réduire la méfiance et la stigmatisation, y compris interne, mais aussi d’aider le pays à mieux gérer l’épidémie du VIH et à atteindre les objectifs fixés par l’ONUSIDA pour stopper l’épidémie », explique Monica Pudaruth.

Au niveau des recommandations, la stratégie proposée met l’accent sur la sensibilisation juridique, l’accès aux soins de santé et l’inclusion sociale. Des interventions adaptées, à travers la sensibilisation des médias et auprès des populations clés, des femmes et des jeunes, sont recommandées. Un engagement important est également attendu de la part des instances gouvernementales, où des barrières persistent encore.

En guise de conclusion, le rapport écrit : « Mettre fin à la stigmatisation nécessite éducation, compassion et un effort collectif pour respecter la dignité de toutes les personnes, y compris celles vivant avec le VIH. En déconstruisant les mythes entourant le VIH, nous pouvons favoriser un environnement plus solidaire, où chacun a un accès équitable aux soins et la possibilité de vivre sans peur ni honte. »

Nicolas Ritter : « Sortez les rapports des tiroirs »

« Maurice était l’exemple à suivre dans l’Océan Indien et en Afrique. Des experts venaient d’ailleurs pour observer notre approche. Aujourd’hui, nous sommes devenus l’un des pires exemples », déclare Nicolas Ritter, de Coalition Plus, en évoquant la situation du VIH à Maurice. Une dégradation due aux mauvaises décisions politiques prises ces dernières années, qui ont lourdement impacté la lutte contre l’épidémie.

Avec près d’une centaine de décès par an, environ 400 nouveaux cas dépistés, des lois et règlements discriminant les PVVIH étrangers et un niveau de stigmatisation qui perdure, il ajoute : « Tout cela me met en colère. » Ces propos ont été tenus lors du lancement du rapport, vendredi.

Son agacement concerne particulièrement le fait que ces rapports restent lettre morte, alors que leurs recommandations offrent des solutions concrètes aux dysfonctionnements observés. D’où son appel à prendre en considération les conclusions du document et à en appliquer les recommandations.

Nicolas Ritter a également plaidé pour la fin de la discrimination envers les étrangers souhaitant étudier, travailler ou vivre à Maurice, mais qui sont rejetés en raison de leur statut sérologique positif.

Contacte presse: Jacques Achille – Communication Strategic Manager