PrEP : un accès encore limité chez les femmes exposées au VIH

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque 8 mars, PILS appelle d’urgence à rendre la prophylaxie pré-exposition (PrEP) encore plus accessible aux femmes vulnérables au VIH à Maurice. Bien qu’étant exposées à un risque plus élevé d’infection par le VIH, les femmes accèdent difficilement à cet outil efficace de prévention, en raison d’un manque d’information et de services adaptés.

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est destinée à toutes les personnes séronégatives particulièrement exposées au VIH. Elle consiste à prendre un médicament afin de prévenir l’infection. Ce traitement est disponible gratuitement depuis 2018.

Le VIH et les femmes à Maurice

Si depuis 2005, le nombre de nouvelles contaminations chez les femmes ne dépasse pas la barre des 200, en revanche, l’écart avec les hommes s’est considérablement réduit : passant d’un ratio de 8 hommes pour 1 femme en 2004, à 2 hommes pour 1 femme en 2020. Au cours des dernières années, les infections par voie hétérosexuelle ont pris la pente ascendante, alors qu’avant 2017, le mode de transmission primaire était l’utilisation de drogues injectables (“Republic of Mauritius Statistics on HIV/AIDS”, juin 2021).

Les femmes transgenres ont de fortes vulnérabilités face au VIH. Elles font souvent face à des niveaux élevés de stigmatisation, de discrimination et de violence. Celles-ci entravent l’accès aux et l’adoption des services de prévention, de dépistage, de soins et de soutien du VIH et d’autres services de santé sexuelle et reproductive. Ainsi, les femmes transgenres sont encore plus exposées au VIH avec une prévalence qui s’élève à 28 % (IBBS 2017). Chez les femmes travailleuses du sexe qui rencontrent souvent des obstacles structurels, institutionnels et sociétaux, l’accès aux soins et services médicaux demeure très difficile. En 2015, la prévalence du VIH parmi les femmes travailleuses du sexe était de 15 %. Il est essentiel que les services soient adaptés aux besoins de ces femmes vulnérables.

Encore des défis à relever pour accéder à la PrEP

Malheureusement, le manque d’information sur la PrEP, l’inaccessibilité des sites de dispensation des médicaments, la stigmatisation ou encore les préjugés du corps médical empêchent ces femmes d’avoir accès à la PrEP, comme le montrent les résultats de l’enquête multi-pays « PrEP Femmes » conduite à Maurice par PILS, en collaboration avec l’ALCS (Maroc) et ARCAD Santé PLUS (Mali), toutes trois associations membres de Coalition PLUS.

Ainsi, les résultats de cette enquête révèlent que 80 % des femmes partenaires d’usagers de drogues injectables à Maurice ne connaissaient pas la PrEP tandis que plus de 85 % des travailleuses du sexe interrogées au Mali et au Maroc n’en n’avaient jamais entendu parler. À Maurice où la majorité des femmes transgenres connaissent la PrEP, seules 18 % d’entre elles l’utilisent, craignant la stigmatisation et la discrimination dans le milieu hospitalier. De plus, la PrEP n’est disponible pour l’heure qu’au niveau des National Day Care Centres for the Immuno-suppressed.

Adapter la PrEP aux besoins des femmes

« Pour éliminer le VIH, il faut une approche compréhensive qui prend en compte les vulnérabilités particulières des femmes et les inégalités auxquelles elles font face dans la prévention. La négociation du port du préservatif demeure une source dobstacle pour certaines femmes, d’où la nécessité de l’accès aux outils comme la PrEP », explique Soufia Bham, chargée de plaidoyer chez PILS. L’enquête révèle également que la majorité des femmes exposées à un risque élevé d’infection sont favorables à l’utilisation de la PrEP si la dispensation est assurée par les centres de santé communautaire.

« Les résultats de l’enquête nous démontrent qu’il est important d’adapter nos services aux besoins des femmes exposées au VIH afin que celles-ci puissent prendre en main leur santé. Ainsi, adapter les services de la PrEP et renforcer la sensibilisation autour de cet outil de prévention est une priorité pour PILS », ajoute Soufia Bham.

 

Quelques résultats clés de l’enquête PrEP Femmes 

  • De façon générale, l’étude révèle une faible estime de soi chez les travailleuses du sexe, les femmes transgenres et les femmes usagères ou partenaires d’usagers de drogues injectables
  • À Maurice, 54 % des femmes transgenres connaissent la PrEP, mais seules 18 % d’entre elles l’utilisent
  • À Maurice, 24 % des partenaires d’usagers de drogues injectables et 16 % des femmes transgenres ont contracté une IST durant les 12 derniers mois tandis qu’au Maroc, près de la moitié des travailleuses du sexe ont souffert d’une infection sexuellement transmissible (IST) durant la même période.
  • Au Mali et au Maroc, moins de 15 % des travailleuses du sexe connaissent la PrEP.
  • Au Mali, aucune participante n’a déjà eu recours à la PrEP, tandis qu’au Maroc 63 % des travailleuses du sexe qui connaissent la PrEP y ont eu déjà recours.

 

À propos de « PrEP Femmes » : Lancé en février 2021 par Coalition PLUS avec le soutien de L’Initiative d’Expertise France, le projet de recherche communautaire « PrEP Femmes » vise à évaluer l’intérêt des femmes issues des populations clés pour la PrEP, ainsi qu’à identifier les barrières d’accès à ce traitement préventif dans les trois pays concernés : Mali, Maroc, Maurice. Ce projet, porté par l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS), membre de Coalition PLUS au Maroc, implique également deux autres associations membres du réseau : ARCAD Santé PLUS au Mali et PILS à Maurice.

À propos de PILS : Fondée en 1996, PILS est une association de lutte contre le sida. Notre mission première d’être une structure de soutien aux personnes vivant avec le VIH à Maurice a évolué pour inclure également celle de représenter, mobiliser et renforcer les ONG et les communautés vulnérables de Maurice pour qu’elles militent, à travers le plaidoyer, pour un engagement politique, pour améliorer la réponse nationale au VIH et aux hépatites virales dans un environnement favorable au niveau national, régional et mondial, et pour mettre fin à la stigmatisation et aux discriminations des personnes infectées, affectées ou vulnérables au VIH et aux hépatites virales.

À propos de Coalition PLUS : Union internationale d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales fondée en 2008, Coalition PLUS intervient dans 52 pays et auprès d’une centaine d’organisations de la société civile. Nos associations membres et partenaires impliquent les communautés les plus vulnérables au VIH/sida et aux hépatites dans la définition et la mise en œuvre des politiques et programmes de santé qui les concernent directement. Elles font la promotion de méthodes innovantes, adaptées aux personnes les plus discriminées dans l’accès à la santé. Coalition PLUS est actuellement présidée par la Pr Hakima Himmich.

 

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Rachèle Bhoyroo

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